Cornebarrieu, le 19 septembre 2016
Cercle des Voisins du centre de rétention
de Cornebarrieu
9 Avenue de Versailles
31700 Cornebarrieu
à Monsieur le Préfet de Haute-Garonne
31000 Toulouse
Lettre ouverte à Monsieur le Préfet de la Haute-Garonne
Objet : fonctionnement du CRA de Cornebarrieu
Monsieur le Préfet,
Si selon l'adage bien connu « Nul n'est sensé ignorer la loi », vous êtes aussi sensé, de par vos fonctions, connaître et faire respecter les Droits de l'Homme, ce qui nous amène à vous rappeler qu'en dépit des condamnations répétées de la CEDH, nous avons constaté à deux reprises cet été l'enfermement de jeunes enfants avec leurs familles à Cornebarrieu.
Nous allons, par ailleurs, vous présenter très concrètement des réalités du fonctionnement de vos services du Centre de Rétention auxquelles nous sommes particulièrement attentifs.
1er cas :
Suite à son arrestation à la frontière du Perthus le 12/07 pour cause de visa touristique périmé depuis deux mois et alors qu'elle était en transit vers l'Italie pour participer au mariage de sa sœur, une jeune hondurienne a été placée en rétention dans vos services à partir du 13/07. Ne disposant que d'une carte de crédit, il lui fut impossible de communiquer avec sa famille qui l'attendait et donc de prévenir de son arrestation. En raison des ponts, il a fallu attendre le lundi 18 juillet pour que le consul du Honduras, prévenu de sa disparition, arrive à la localiser.
Cette situation est inadmissible, elle s'apparente aux processus de séquestration policière pratiqués dans les pires systèmes politiques. Comment pouvez-vous ne pas donner les moyens aux personnes que vous placez en rétention de prévenir leurs proches ?
Durant sa privation de liberté qui durera tout de même 25 jours, alors qu'elle se trouvait seule femme dans le centre et donc pratiquement à l'isolement, elle nous a signalé être restée 48 heures sans papier toilette, ce qui là aussi représente un certain mépris de la dignité humaine.
Enfin, libérée par le juge des libertés, en raison de l'incapacité de vos services de l'avoir rapatriée dans un délai raisonnable, elle a été relâchée le samedi 6 août à 20h34 sur le bord des pistes. Fort heureusement, notre association était présente, en cette heure tardive, pour lui assurer un minimum de protection.
2ème cas :
Plus tard dans le mois, le 23 août, nous avons pu constater, et contrairement aux garanties qui nous avaient été données par le Chef de Centre, l'impossibilité d'effectuer la visite d'une personne retenue en raison du chantier effectué le long de l'avenue Latécoère. En effet, alors que le responsable du chantier avait aménagé une zone de stationnement et qu'il était impossible de traverser le chantier en raison de la densité du trafic sur la seule voie disponible, vos agents du CRA ont menacé de verbaliser la personne qui souhaitait s'y rendre et qui a dû se retirer sans pouvoir effectuer la visite envisagée. Nous considérons qu’il y a là aussi un abus de droit, car cela revient à maintenir les personnes retenues à l'isolement.
Nous vous demandons en conséquence de bien vouloir prendre en compte nos doléances, de respecter les arrêts de la CEDH et de faire en sorte que les personnes qui sont mises en rétention fassent toujours l'objet d'un minimum de considération. Le respect des personnes (avec ou sans papiers) fait partie des objectifs de notre association et nous y serons toujours attentifs.
Nous vous prions d’agréer Monsieur le Préfet, l’expression de notre respectueuse considération.
Le Président
Michel Plassat