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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Blog Médiapart | 23/02/2016

Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,

Vous entendrez, je le sais, toute la gravité de la lettre que je vous adresse aujourd’hui. Élue de la République, je ne pouvais rester sourde un jour de plus à sa nécessité, retenir les mots difficiles que ladite « crise des migrants » me commandait de vous écrire enfin. La Préfète du Pas-de-Calais nous l’annonce : des machines s’apprêtent à détruire la « Jungle » de Calais. Je vous l’annonce : il s’agit là, pour nous tous, d’une erreur colossale.

Avouons qu’avant d’envisager de « nettoyer » la Jungle, nous l’avons créée avec la ferme ambition de « nettoyer » la ville. Nous voulions détacher les migrants de Calais, couper le lien visible, charnel tout autant, parfois conflictuel mais bien réel, existant entre « eux » et « nous ». Nous commettions une première immense erreur : nombre d’entre vous voient le temps des squats en centre ville comme un moment beaucoup plus paisible qu’aujourd’hui. Images, fantasmes et peur de l’inconnu ont en effet remplacé ces rapports, difficiles mais humains, qui s’étaient constitués dans la ville. Pire : cette politique, cette casse à vrai dire, a nourri des forces haineuses, minoritaires je le sais, mais ô combien bruyantes et spectaculaires. Il y a un an donc, nous avons dépossédé Calais de ses migrants et détaché ces derniers de notre ville, de celles et ceux qui, parmi vous, discrètement souvent, en œuvrant à un accueil digne, donnaient en actes une image formidable de notre commune.

Dans la Jungle, les bénévoles du monde entier ont pris le relais des associations locales prises à contrepied par cet éloignement forcé. Les mois ont passé, la mobilisation n’a cessé de s’amplifier, vigoureuse, magnifique à vrai dire, reconnaissons-le enfin. Nous y voici : la Jungle n’est plus un problème local, elle est devenue l’un des centres du monde. Les Chinois envoient du matériel, on croirait voir venir tous les Anglais et tous les Belges apporter leur aide, des volontaires de la France entière, d’Espagne, d’Italie donnent un coup de main, un weekend, quelques jours, parfois des semaines. Calais est devenue, par le geste même qui voulait rendre les migrants invisibles, le symbole éclatant du ralliement des bonnes volontés, le nom majuscule que porte l’hospitalité faite aux exilés. Ce n’est pas contre nous que ce mouvement a pu naître, c’est à la fois malgré nous et grâce à nous.

Si nous rasons la Jungle, c’est bien cette extraordinaire ville mondialisée, généreuse et active, qui serait rasée. Imaginez tous ces reportages, sur toutes les chaînes télé : « Calais chassant la solidarité » va faire le tour du monde. Il était déjà aveuglant qu’en striant les alentours de barbelés, en arrachant des forêts, en inondant des landes, en sécurisant tous les accès, c’est Calais que nous défigurions. Au delà de l’image, il est urgent de saisir collectivement la nature exacte de ce que nous détruirions : non tant les pauvres abris de misérables, mais le travail collectif de tous ceux qui se sont solidarisés avec les exilés, ces rescapés des bouleversements les plus profonds de notre monde. De quel droit jeter aux bennes à ordures ces tonnes de vêtements, de chaussures, de nourriture apportés par des bénévoles ? De quel droit détruire des baraques, des écoles, des églises, des théâtres, des restaurants que des mains de tous pays et de toutes couleurs ont construits ensemble ? De quel droit détruire une cité fragile, mais d’autant plus vivante qu’elle ne tient que par le soutien continu que sa survie requiert – et qu’elle obtient.

Cette ville, vue d’Écosse et de Lampedusa, de Paris, du Moyen-Orient ou d’Australie, ne se nomme pas « Jungle », mais « Calais ». Calais n’est plus seulement à nous, elle n’est pas davantage aux seuls exilés. Ce n’est pas 5 000 abris que nous détruirions, c’est une œuvre collective, tentaculaire, dressée malgré les barbelés et la boue. Ce n’est pas une marge « contenue », immonde, que les machines nettoieraient, c’est une ville-monde, l’identité même de ce qu’est devenue notre ville. Les bulldozers écrasant la Jungle ne détruiraient pas que quelques planches et quelques toiles : c’est Calais même qu’ils enfonceraient dans la boue, contredisant jusqu’à nos obsessions les plus hygiénistes.

Ne faisons pas cette deuxième erreur, plus terrible encore que la première. Je vous demande d’entendre mon message, de comprendre qu’il dessine pour nous tous la seule voie possible : suivre le chemin qui conduit Calais vers son rendez-vous du XXIe siècle, jusqu’à devenir l’une des capitales le plus resplendissantes du monde. J’en suis convaincue : cette situation de crise, qui l’est en effet, s’avère aussi une formidable chance pour notre ville qui en sortira magnifiquement grandie. À la Préfète du Pas-de-Calais, j’ai demandé ce matin même de surseoir à la destruction de la Jungle. J’ai en outre renoncé au projet de création du parc d’attraction Heroïc Land, et demandé que les 275 millions d’euro affectés à celui-ci par le Fonds National d’Aménagement et de Développement du Territoire soient mobilisés pour ce chantier bien plus crucial pour la ville : construire l’hospitalité. Je vous demande avec moi de lancer un appel aux créateurs, architectes, urbanistes, afin que notre ville prenne l’envergure d’une utopie du XXIe siècle, et s’avance au devant du monde, comme son avant-garde. Nous sommes sur le seuil d’un immense renouveau. Je vous demande de vous engager pleinement dans celui-ci avec moi : nous ferons alors un miracle.

Antoine Hennion, sociologue, et Sébastien Thiéry, politologue, membres actifs du PEROU – Pôle d’Exploration des Ressources Urbaines (www.perou-paris.org) »

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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