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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Politis - Marion Dumand - 27/6/2018

Le collectif ExCRAdition générale fédère militants et étrangers « retenus » dans des actions pour dénoncer les violences du CRA sétois.

D es grèves de la faim au centre de rétention administrative (CRA) de Sète, il y en a régulièrement ! Mais peu le savent », explique Tieri Briet, du collectif ExCRAdition générale (1). Alors, quand trois Marocains refusent de s’alimenter pendant deux semaines, il devient lui aussi gréviste de la faim et s’enchaîne à la grille du CRA le 11 juin. Piquet de grève, assemblée générale quotidienne, tour de veille, moments de partage… La revendication est simple : en finir avec « la traque, le harcèlement, l’enfermement et la déportation systémique des étrangers sans papiers ».

Puis, le samedi 16 juin, des « retenus » entament une grève des plateaux ; ils refusent de monter au réfectoire et de manger les repas servis. La police aux frontières (PAF), qui dirige ce centre ouvert en 1993, interdit alors l’entrée de nourriture extérieure. Les grèves de la faim font long feu. Dimanche 24 juin, Tieri Briet arrête aussi, et c’est l’occasion pour le collectif de faire du bruit, en venant le déchaîner de la grille avec une fanfare.

Peu après, le même jour, un jeune refuse de s’alimenter (il refuse toujours). Son bras, mal remis d’une fracture, le fait hurler de douleur et il demande à être hospitalisé. Voici un exemple des « actes désespérés » en augmentation, notés par les associations (2) accompagnant les retenus. « Ces grèves sont faites de manière un peu anarchique, explique Tieri Briet. C’est leur seul recours pour protester. »

Fantaisie et colère

En revanche, ce n’est pas le seul moyen qu’emploie ExCRAdition générale, ce collectif né le 30 mars et nourri de l’historique sétois : « Une poignée de militants ont commencé par tenter d’empêcher les expulsions par bateau vers le Maghreb ; depuis huit ans, le Réseau éducation sans frontières (RESF) fait des visites aux enfermés qui peuvent passer jusqu’à 45 jours dans ce centre, en attendant d’être renvoyés ou pas dans leur pays d’origine. » (3)

ExCRAdition générale veut d’abord dire l’existence du CRA, en quasi centre-ville, bien planqué dans un immeuble bourgeois, qui peut « accueillir » 28 personnes. Et en faire sortir les mots. Encore faut-il y entrer. Visiter un CRA relève de la mission impossible, à moins d’être député ou de faire partie des très rares journalistes autorisés, malgré les dispositions prévues par le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda), régissant notamment les CRA. Par contre, pour rendre visite à un enfermé, il suffit d’avoir des papiers en règle et le nom de la personne qui accepte la visite.

Mais comment faire si on n’y connaît personne ? Pierre le circassien et Mathieu le poète raconte comment des militants ont trouvé la parade : la cabine téléphonique ! « Ils ont appelé, quelqu’un a décroché, raconte Pierre. Ils lui ont proposé de porter son témoignage hors du CRA. Et depuis, cela n'a pas cessé. » Murs de Sète tapissés, « CRAieurs » de rue, sites internet, les mots des visités et des visiteurs – fonctionnant si possible en binôme – se font régulièrement entendre. Avec fantaisie et colère.

« Depuis le début, nous avions décidé de faire sortir les paroles, et les corps », explique Tieri Briet. Paradoxalement, alors qu’en 2016, sur les 351 personnes internées à Sète, 53,3 % ont été libérées, arrêter des expulsions illégales relève de la mission impossible.

Visites interdites, refus de soin, violences

L’histoire la plus tragique, et qui a partie liée à la grève de la faim de Tieri Briet, est celle d’Aly Sidibé, lycéen à Montpellier. Ce jeune Ivoirien, dont la minorité était contestée, a été expulsé au petit matin vers son pays d’origine, alors même que son acte de naissance, prouvant son âge, était envoyé de Côte d’Ivoire. L’arbitraire en CRA est une chose courante et n’épargne pas les mineurs étrangers isolés (MEI), malgré le protocole national de mise à l’abri, d’évaluation et d’orientation des mineurs étrangers, signé le 31 mai 2013.

Visites interdites hors famille (avec livret), refus de soin, violences hors caméra… Ces derniers jours, le CRA de Sète a été particulièrement touché. « Dimanche soir, après le repas, écrit Pablo, un détenu (...) est saisi à la gorge, plaqué contre le mur, traîné dans les escaliers, puis enfermé dans le parloir, à l’abri des caméras. Ses codétenus font bloc, ils menacent de se soulever. Il sera libéré au bout d’une demi-heure, des marques sur le cou encore visibles. »

Cette violence n’est pas l’exception. Au seul CRA de Sète, note le rapport 2017 de l’association Forum Réfugiés, « plusieurs retenus ont évoqué des traitements dégradants par certains policiers, voire des violences. Des plaintes ont été portées auprès du procureur, par notre intermédiaire ou par celui des agents de police de la SPAF ; elles ont toutes été classées ». Une situation insoutenable qu’ExCRAdition générale entend bien combattre à Sète. Se dessinent donc de nouveaux combats : ouvrir la « première zone d’accueil à Sète » et inviter tous les anti-CRA des 24 autres centres français à un grand CRAnaval d’automne.


(1) À retrouver sur son site web ; son blog de Mediapart ; sur Facebook.

(2) Depuis 2009, six associations travaillent dans les centres (Cimade, Forum Réfugiés-Cosi, France Terre d’asile, Ordre de Malte, Solidarité Mayotte). Auparavant, la Cimade était la seule association en charge des droits dans les CRA.

(3) Communiqué d’exCRAdition générale du 19 juin.

 

NDLR : Grève de la faim devant le CRA de Sète. Vous pouvez découvrir le récit quotidien des 14 jours dans Le blog de ExCRAdition Générale.

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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