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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Monde - Mathilde Damgé - 2/8/2018

Les députés ont transposé la décision du Conseil constitutionnel sur le principe de fraternité et assoupli le « délit de solidarité », qui peut toutefois être encore poursuivi.

Après des mois de discussions, le Parlement a approuvé définitivement mercredi 1er août le projet de loi asile-immigration. Ce texte très controversé contient une mesure particulièrement symbolique, l’aménagement du « délit de solidarité ». Ce dispositif, qui prévoit des sanctions contre toute personne ayant aidé des étrangers en situation illégale, est dénoncé par les associations de soutien aux migrants.

Contrairement à ce qu’affirme le Rassemblement national, le « délit de solidarité » n’a pas été aboli, mais seulement assoupli, ainsi que s’en sont félicités des députés de la majorité. Décryptage.

Comment le « délit de solidarité » est-il défini dans la loi ?

Le « délit de solidarité » n’existe pas en tant que tel, c’est un slogan politique qui résume une situation, sans exister juridiquement à proprement parler. Aucun texte de loi ne mentionne ce terme. Il fait toutefois référence à l’article L. 622 du code de l’entrée, du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda), qui date de 1945.

Ce texte dispose que « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’un étranger en France » encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Cette disposition a été aménagée depuis les années 1990 avec une série d’exceptions (immunité familiale, danger imminent, acte sans contrepartie…).

Que change la loi immigration ?

La dernière exception au « délit de solidarité » en date transpose la décision du Conseil constitutionnel sur « le principe de fraternité », au nom duquel une aide désintéressée à des étrangers ne saurait être poursuivie.

La loi du 1er août exonère ainsi de poursuite « toute personne physique ou morale lorsque l’acte reproché n’a donné lieu à aucune contrepartie directe ou indirecte et a consisté à fournir des conseils ou accompagnements juridiques, linguistiques ou sociaux, ou toute autre aide apportée dans un but exclusivement humanitaire ».

La députée LREM Naïma Moutchou a salué l’amendement visant à « assouplir » ce délit. Un assouplissement et non une suppression – ironie de l’histoire, il y a quelques mois, des députés de la majorité se vantaient eux de l’avoir aboli, encore une fois à tort.

Les procès sont-ils fréquents ?

Après l’élection de Nicolas Sarkozy, en 2007, les associations de sans-papiers ont dénoncé un usage de plus en plus fréquent de l’article punissant le « délit de solidarité », contre leurs membres ou d’autres citoyens venant en aide aux migrants. En seulement trois mois, en 2009, une quinzaine de responsables de centres Emmaüs avaient été inquiétés par la police. Un tour de vis qui a poussé à l’époque le Parti socialiste à proposer la suppression du « délit de solidarité ».

La réécriture de la loi par la gauche, en décembre 2012, n’a toutefois pas suffi à convaincre les associations qui dénonçaient des failles juridiques dans l’aménagement du « délit de solidarité ». L’actualité judiciaire leur a donné raison, puisque plusieurs procès ont eu lieu autour de cette question lors du quinquennat Hollande. Par exemple, l’agriculteur Cédric Herrou, tout comme l’enseignant Pierre-Alain Mannoni, a été condamné en 2017 à de la prison avec sursis pour avoir aidé quelque deux cents migrants qui avaient traversé la frontière italienne par la vallée de la Roya.

La cour d’appel a estimé qu’il n’était pas protégé par la réforme socialiste de 2012, car sa motivation, militante, ne s’inscrit pas dans la liste des exceptions au délit (dignité humaine, aide juridique...) et ne peut donc pas être retenue pour l’exonérer d’une condamnation. Ce qu’ont contesté les militants et leurs avocats, et que le Conseil constitutionnel a reconnu le 6 juillet : en réponse à une demande de Cédric Herrou, les « sages » ont affirmé qu’une aide désintéressée au « séjour irrégulier » ne saurait être passible de poursuites, au nom du « principe de fraternité ».

Mais de telles condamnations pourraient être encore prononcées puisque la nouvelle loi condamne toujours les « contreparties indirectes », formule qui pourrait englober des actions militantes, et n’exempte que l’« aide apportée dans un but exclusivement humanitaire ». Par ailleurs, « l’aide à l’entrée irrégulière » reste un délit et sanctionnée comme tel.

La retraitée Martine Landry, poursuivie pour délit de solidarité, avait été relaxée le 14 juillet, faute de preuve concernant l’aide qu’elle aurait pu apporter pour franchir la frontière. Le procureur d’Aix-en-Provence vient de faire appel ; la militante d’Amnesty International risque de nouveau cinq ans de prison.

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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