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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Monde - Clara Tran - 13/8/2018

Dans ce quartier de Paris où se croisent migrants et toxicomanes, la situation se dégrade de jour en jour. « Les migrants sont à bout », estime une bénévole.

Mercredi 8 août, sous le pont qui traverse le boulevard Ney à Paris. Il est un peu plus de 9 heures. Souleymane, un Sénégalais qui « parle un peu arabe », s’improvise traducteur entre un jeune migrant en détresse, qu’il a trouvé à 5 heures du matin allongé sur le terre-plein central de ce boulevard du 18e arrondissement, et les forces de l’ordre. « Il était mal, il avait froid. Depuis hier, il n’a rien mangé. Il n’a plus d’appétit, il ne boit plus », explique le jeune homme arrivé ici depuis plusieurs semaines par la Libye. Dans l’attente des secours, un policier traverse le boulevard au pas de course.

Sur le trottoir d’en face, des bénévoles d’Aurore, une association mandatée par la Mairie de Paris dans l’urgence fin juillet, lui tendent un bidon d’eau. Depuis le mois d’août, ils distribuent chaque jour aux migrants des petits déjeuners. Ce matin-là, en l’espace de deux heures et demie, ils distribuent 900 repas. « C’est plus que prévu, constate Lamine, l’un des responsables de l’association. On ne peut pas les laisser sans rien. Mais on est obligé d’empiéter sur les stocks et ça veut dire qu’on en aura moins pour les prochains jours. » Au menu : du café, des gâteaux, une compote et un carré de chocolat.

« C’est une collation de maternelle, pas un vrai repas », estime Sarah, une riveraine, très investie au sein du collectif Solidarité migrants Wilson. Après vingt mois de distribution quotidienne de petits déjeuners, le collectif a décidé d’interrompre son action, fin juillet. Dans l’espoir de faire évoluer la situation et de revenir sur place à la rentrée : « C’était devenu impossible, explique Sarah. On ne faisait pas le poids face aux crackers, on n’avait pas de vigiles. Donc on a demandé à la Mairie de prendre ses responsabilités. » Les crackers ? Des jeunes toxicomanes ravagés par le crack qui ont investi ce quartier entre périphérique et tramway et qui se livrent à toutes sortes de trafics.

Depuis le mois d’août, des agents de sécurité envoyés par la Mairie s’appliquent à filtrer cette population très vulnérable, capable de violence sous les effets du manque. Malgré le démantèlement du campement sauvage, en bordure du périphérique – surnommé « la colline du crack » –, fin juin, les « crackers » continuent de déambuler dans le quartier. Et de venir se greffer aux réfugiés lors des distributions alimentaires. Pour éviter que ça tourne mal entre eux et les migrants, les bénévoles d’Aurore installent chaque matin des barrières de sécurité.

« Gérer l’ingérable »

Ici, la majorité des migrants sont des hommes. Majeurs pour la plupart, ils sont en France depuis peu, ou ont fui au printemps le recensement administratif post-évacuation des campements du canal Saint-Martin et du site du « Millénaire », près de la porte de La Villette. Ils sont originaires d’Erythrée, d’Afghanistan, du Mali ou d’Irak, pour l’essentiel. Ils sont épuisés, sous-alimentés, dans un état sanitaire particulièrement fragile. « Cela fait trois jours que je ne peux pas manger, explique Amine, un jeune Marocain. J’ai chaud, je vomis, je ne peux plus boire. »

« On essaye de gérer l’ingérable, admet Sylvain Lemoine, directeur adjoint du cabinet d’Anne Hidalgo à la Maire de Paris. Personne n’a la bonne solution. Mais nous intervenons en bout de chaîne. Le fond du problème, c’est l’hébergement, qui ne relève pas de notre compétence mais de celle de l’Etat. » Un point de vue partagé par Dominique Versini, maire adjointe aux solidarités, à la lutte contre l’exclusion, à l’accueil des réfugiés et à la protection de l’enfance : « Notre priorité, c’est que les réfugiés sortent de la rue. C’est pour cela que nous apportons notre aide à l’Etat (…). Nous organisons ensemble des opérations de mise à l’abri plusieurs fois par semaine et nous avons mis trois gymnases municipaux à disposition pour héberger les personnes. »

Les bénévoles du collectif se sont donné jusqu’au 7 septembre pour décider de l’avenir de Solidarité migrants Wilson, au côté ou non de la Ville de Paris. En attendant, les riverains continuent de prêter main-forte aux migrants. La bénévole l’avoue : « Les migrants sont à bout. » Ils sont les premières victimes des tensions et de la confusion qui règnent dans le quartier de la porte de La Chapelle. Depuis le début de l’été, 12 000 gourdes ont été distribuées par la Ville de Paris. Des rampes et des W-C ont été installés dans le quartier. Mais la situation reste difficile. De nombreux migrants souffrent du manque d’eau. Certains n’utilisent que rarement les gourdes mises à leur disposition et plus rarement encore les sanitaires. « C’est plein de maladies, c’est sale », indique Omar, un ­Malien de 29 ans, en passant devant un urinoir rempli de bouteilles vides.

Il est 12 h 30, l’association Aurore vient de retirer les tables et les barrières de sécurité. Les bénévoles passent les derniers coups de balais. A cette heure, Omar devrait déjà être avec Ilyas, le Marocain avec qui il partage une couverture dans un campement de fortune, situé à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), de l’autre côté du périphérique. A son arrivée, Ilyas somnole. « Je n’ai pas bu depuis seize heures », explique-t-il. Alors, Omar se rend dans le supermarché le plus proche, acheter de l’eau. Il laisse derrière lui son campement, les panneaux de la Ville de Paris qui lui servent de toit et le petit drapeau tricolore qu’il a accroché à l’entrée de son « chez lui », telle une oriflamme.

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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