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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Mediapart - Les occupants de la Mairie de Guéret en Creuse - 18/9/2018

Depuis la mairie de Guéret occupée, appel à multiplier les gestes pour contrecarrer la politique migratoire européenne.

Ce lundi 17 septembre 2018, la Mairie de Guéret a été investie par près de 200 habitants de la Montagne Limousine, de Guéret et de toute la Creuse, réunis pour tenter d’empêcher le placement en rétention d’Abdel, jeune exilé soudanais installé à Faux-la-Montagne depuis dix mois.

Cette mobilisation et l’occupation à laquelle elle a donné lieu sont le résultat de plusieurs mois, voire plusieurs années où se sont multipliés les gestes de solidarité les plus simples à l’égard des exilés, qui sont arrivés dans ces territoires ruraux sans les avoir choisis.

Au mois de juillet dernier une première séquence de mobilisation avait vu deux cent habitants se mobiliser pour empêcher le placement en rétention et le renvoi en Italie d’un autre Soudanais résident de Faux-la-Montagne. La préfète de la Creuse, Magali Debatte, tout juste entrée en fonction, avait alors décidé de jouer une partition de fermeté et ordonné aux gendarmes de disperser la foule en faisant usage de la violence. La charge et le gazage, si peu habituels dans ces contrées rurales, avaient servi de diversions pour procéder à l’exfiltration du jeune exilé à travers un trou dans le grillage à l’arrière de la gendarmerie.

Cette séquence s’est poursuivie par un véritable bras de fer médiatique entre les habitants des communes de la Montagne Limousine fédérés autour de leur volonté d’accueillir les exilés qui avaient fait le choix de rester parmi eux et la préfète, surtout soucieuse de soigner son profil de dame de fer aux accents coloniaux.

Dans le même temps, Noordeen qui était parvenu à refuser son embarquement à bord d’un avion pour l’Italie, avait pu regagner non sans peine sa commune d’accueil. Le risque de se voir désavouée par un tribunal limougeaud avait alors mené la préfète à retirer le placement « en fuite » de Noordeen et à lui accorder contre toute attente le droit de faire sa demande d’asile en France.

Des habitants solidaires, échauffés par ces événements et soucieux de garantir une forme de sûreté aux exilés à qui ils avaient offert, unilatéralement, l’asile dans leur commune, publièrent alors une tribune signée par nombre de personnalités et d’élus locaux, annonçant leur détermination à s’opposer à toute nouvelle procédure d’expulsion sur leur territoire. Titrée « Il n’y aura pas d’expulsion dans la Montagne Limousine », cette tribune fit la une d’un quotidien local (et fut publiée aussi sur Mediapart, à retrouver ici). Elle ne cessa pas d’accumuler les signatures tout au long de l’été, liant des centaines de personnes dans leur engagement mutuel à garantir les conditions de l’accueil des exilés. La mise à l’épreuve de ce serment n’allait pas tarder avec la convocation d’Abdel ce lundi 17 septembre à la caserne de gendarmerie de Guéret en vue de son placement en rétention et de son expulsion vers l’Italie.

Pour procéder à cette expulsion, la préfète Magali Debatte se cache une nouvelle fois derrière les accords dits « de Dublin ». Ceux-ci portent obligation, pour les pays de « première arrivée » dans Schengen, de traiter les demandes d’asile de tout migrant qui y aurait donné ses empreintes (souvent sous la contrainte).

Ces accords donnent lieu à une sorte de ping-pong administratif où les exilés, ayant souvent déjà échappé à la mort pour arriver là, sont renvoyés d’un pays à l’autre comme de simples paquets. Ils s’imposent donc principalement aux pays comme l’Italie ou la Grèce, qui se trouvent au premier plan des chemins de migration. Mais ils ne s’imposent aucunement aux autres pays qui gardent toute latitude pour accepter de traiter toute demande d’asile qui leur serait présentée. En faisant fi de cela, la préfète, qui sur un ton martial dit ne faire qu’appliquer « la procédure normale » cache en fait un zèle tout particulier dans l’application de la loi, au détriment des demandeurs d’asile.

Abdel, comme Noordeen, comme leurs deux autres compagnons soudanais de Faux-la-Montagne qui ont eux déjà obtenu l’asile, était accueilli et pris en charge par plus de cent habitants de la commune. Il ne demandait qu’à pouvoir déposer sa demande d’asile ici, dans un des départements les moins peuplés de France. Hier il a été extrait en voiture par la porte arrière de la gendarmerie au milieu d’une cohue où il a vu ses amis, hôtes et soutiens bousculés, gazés, mis en joue au tazer. Il est désormais derrière les grilles du centre de rétention de Palaiseau en attente de son « transfert » vers l’Italie.

Ses amis et soutiens ont décidé lundi soir de prolonger l’occupation de la mairie de Guéret et de tenter d’établir un rapport de force avec la préfecture pour bloquer la procédure d’expulsion d’Abdel, exiger qu’il puisse demander l’asile en France et continuer à mettre en lumière l’absurdité criminelle de la politique migratoire européenne.

Nous avons voulu par ce geste appeler aussi toutes celles et ceux qui sont investis dans l’accueil et la solidarité avec les migrants, à Briançon, à Calais, à La Chapelle, et désormais partout en France, à faire feu de tout bois, à rendre exorbitante toute procédure d’expulsion, à se faire sabots dans les rouages de la machine de gestion des flux migratoires.

Les occupants de la Mairie de Guéret en Creuse,
ce 18 septembre au matin

PS: L'occupation de la mairie a été levée le 18 septembre et dans l'après-midi du 19 septembre, on apprenait que Abdel, le jeune Soudanais visé par une procédure d'expulsion était remis en liberté par le juge des libertés et de la détention en raison d'un vice de procédure.

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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