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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Monde - Julia Pascual - 23/9/2018

Dans la nuit de samedi à dimanche, le navire a sauvé 47 personnes, dont 17 mineurs, au large de la Libye, et ne sait toujours pas où il pourra débarquer.

La sensation que les choses auraient pu dégénérer. Et qu’en tout cas, elles ont été là où l’absurdité de la situation devait inexorablement les mener : un face-à-face en pleine mer entre un bateau humanitaire et des gardes-côtes libyens et, au milieu de ce duel, près de cinquante enfants, femmes et hommes, en majorité des Libyens, surpris en pleine nuit dans leur tentative de fuir un pays pour gagner l’Europe à bord d’un petit bateau de bois. Pendant plusieurs heures, avant le lever du jour, dimanche 23 septembre, on s’est disputé des rescapés en Méditerranée centrale.

Vers 1 heure du matin, l’Aquarius, navire affrété par les organisations non gouvernementales SOS-Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), et seul bateau humanitaire qui patrouille au large de la Libye, est informé de la présence en mer d’un bateau qui commence à prendre l’eau, avec à son bord plusieurs dizaines de personnes. Le signalement provient de l’association Alarm Phone, qui propose une assistance téléphonique pour les personnes en situation de détresse en mer. L’Aquarius prévient les autorités maritimes libyennes, compétentes sur la zone pour coordonner les opérations de sauvetage, et entreprend de se rapprocher de la localisation de l’embarcation signalée.

Dehors, il fait nuit. La lune est presque pleine. Il est près de 3 heures du matin et les sauveteurs de SOS-Méditerranée cherchent à la jumelle une trace du bateau. Ils sont rejoints dans cette entreprise par une vedette des garde-côtes libyens, qu’on devine au loin grâce à un point rouge et vert clignotant. « Si vous apercevez les migrants, dites-le nous », demandent les Libyens par radio. Vers 5 heures, l’Aquarius aperçoit une trace sur son radar et, peu de temps après, arrive à détailler la silhouette d’une embarcation. Deux canots pneumatiques semi-rigides sont mis à l’eau et les Libyens sont prévenus qu’ils partent en reconnaissance.

Le sauvetage, au large de Zaouia, du petit bateau de pêcheur avec 47 personnes à son bord, dont 17 mineurs, a commencé vers 3h du matin.

Danger imminent

« Si on nous demande de rester éloignés d’une embarcation en détresse ou de retarder une opération alors que nous avons des raisons de croire qu’un danger est imminent (…) nous porterons secours à ces personnes sans délai », avaient prévenu SOS-Méditerranée et MSF dans un communiqué cet été. Plus de 1 700 personnes sont déjà mortes en Méditerranée depuis le début de l’année.

Voyant que le bateau est surchargé et constatant la présence de nombreux enfants à bord, les humanitaires distribuent des gilets de sauvetage et commencent à transférer des personnes sur leurs canots pneumatiques. Les garde-côtes libyens sont furieux.

« Quittez la zone, nous nous rapprochons de vous ! »

Les ingrédients du conflit sont jetés sur l’eau comme le sel sur une plaie ouverte. D’un côté, des humanitaires qui considèrent qu’il est de leur devoir de sécuriser au plus vite des personnes en détresse. De l’autre, des gardes-côtes à qui l’on demande de freiner les départs de migrants, à grand renfort de deniers européens. Depuis des mois, la montée en puissance des gardes-côtes libyens prépare ce goulot d’étranglement parfait. Alors que l’Europe se déchire sur l’accueil des migrants et que l’Italie a décidé de fermer ses ports, ils sont devenus les premiers acteurs en nombre d’interceptions de migrants en Méditerranée centrale.

La reconnaissance par l’Organisation maritime internationale, en juin, de leur compétence en matière de coordination des secours dans les eaux internationales au large de la Libye, en fait des interlocuteurs désormais incontournables pour quiconque voudrait agir ici. Alors même que le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies considère que le pays n’est pas un lieu sûr pour débarquer des personnes secourues en raison des « graves maltraitances » qu’elles y risquent. En outre, depuis plusieurs semaines, la capitale, Tripoli, est en proie à des affrontements armés entre milices et groupes armés, qui ont déjà fait plus de cent morts. Dimanche, ce sont majoritairement des Libyens fuyant leur pays qui se trouvaient à bord du petit bateau de bois.

A bord d’un petit bateau de pêcheurs se trouvaient 47 personnes, dont 17 mineurs. Ils ont été secourus par l’équipage de l’Aquarius vers 7 h du matin, le 23 septembre. SAMUEL GRATACAP POUR LE MONDE

Accrochage avec les gardes-côtes libyens

« Quittez la zone, nous nous rapprochons de vous ! », hurlent dans la radio les garde-côtes libyens. « Nous avons commencé à transférer sur nos canots de sauvetage des femmes et des enfants », répond l’Aquarius. Il est aux alentours de 6 heures du matin et la tension monte d’un cran sur la passerelle du bateau. Le capitaine, un grand Russe extirpé de son sommeil, commence à montrer des signes d’inquiétude. Il fait les cent pas et souffle bruyamment, dans la pièce exiguë où se sont réunies une poignée de personnes. Il demande aux humanitaires de ne pas évacuer les personnes secourues et gèle la situation tant qu’elle n’est pas « clarifiée ». Sur le canal radio, les échanges sont confus pendant encore un long moment.

« Vous connaissez Tripoli ? Vous voulez venir faire une petite visite à Tripoli ? », lance, sur un ton mi-ironique, mi-menaçant, un homme, à l’attention de l’Aquarius. « Peut-on évacuer les femmes et les enfants sur l’Aquarius ? », s’entête à demander poliment le responsable des opérations de sauvetage de SOS-Méditerranée, Nick Romaniuk. « Vous ne respectez pas nos instructions ! Nous vous avons dit de ne pas intervenir. Et de ne pas vous approcher. Vous allez avoir des gros problèmes. Vous encouragez les migrants à aller en Europe, répètent, sur la radio, les gardes-côtes. On ne veut plus coopérer avec vous parce que vous nous désobéissez. Maintenant, nous allons nous approcher et vous dire quoi faire. »

Il fait jour à présent. La navette des garde-côtes s’approche des deux canots de sauvetage de l’Aquarius et du bateau de bois sur lequel des dizaines de personnes attendent encore de connaître leur sort. « On vous laisse la situation, annoncent finalement les Libyens. Vous avez perturbé et interrompu nos opérations. Vous quitterez la zone immédiatement après. »

Dernière opération de l’« Aquarius » ?

Les 47 personnes – dont 17 mineurs et autant de femmes – peuvent être évacuées à bord du navire humanitaire. Leurs visages sont pâles mais soulagés. Il est 8 heures et l’Aquarius met cap vers le nord, s’éloignant à grande vitesse de la Libye.

Deux des 17 enfants secourus dans la nuit du 22 au 23 septembre, pris en charge par l’équipe de MSF à bord de l’ « Aquarius ». SAMUEL GRATACAP POUR LE MONDE

Le navire a « gagné » la partie, mais cette victoire annonce sûrement une défaite plus grande. « Tu as de la chance, tu as assisté à la dernière opération de ce navire », nous a fait remarquer, mi-amer mi-ironique, un membre de l’équipage. Dimanche, la cohabitation précaire qui existait entre les humanitaires et les autorités libyennes a volé en éclats. Déjà, la veille, l’Aquarius avait appris qu’il allait perdre pour la deuxième fois en un mois son pavillon. Après Gibraltar, le Panama, sous la pression de l’Italie, a décidé de révoquer son immatriculation, après que le bateau a porté secours jeudi à onze hommes en mer, et refusé de les remettre à la Libye.

Désormais, il vogue avec 58 migrants à bord, sans destination. A ce stade, aucun port européen n’a manifesté son souhait de l’accueillir. En ce dimanche, la Méditerranée centrale avait des airs de Far West triste, peuplé d’indésirables

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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