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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Mémoire des luttes - Christophe Ventura - 8/11/2-18

Depuis 25 jours, ils marchent depuis le Honduras. Certains sont à Ciudad de Mexico, d’autres dans d’autres villes du Mexique, d’autres certainement sur les routes.

Tous ont un objectif : rejoindre la frontière avec les États-Unis pour y faire valoir leurs droits de réfugiés, travailler, retrouver leurs familles. Certains, comme Quenedy (la cinquantaine), que nous rencontrons au stade « Palillo » dans la « Ciudad Deportiva », là où la ville a mis en place un centre d’accueil d’urgence pour 5 000 personnes du Triangle Nord (Honduras, Guatemala El Salvador) – auxquelles s’ajoutent certaines du Nicaragua- ne transigeront pas : « Je ne resterai pas ici. Je vivais avec ma femme et mes deux enfants aux États-Unis en Virginie, j’y travaillais avant d’être déporté (« deportacion » est le terme utilisé ici pour parler d’expulsion) en 2015. Et au Honduras quoi ? J’ai un petit commerce et chaque mois je dois donner la moitié de ce que je gagne au gang du coin (la « pandilla »). Que puis je faire ? Je ne peux pas vivre dans ces conditions. L’Etat ne me protège pas, il n’existe aucune perspective économique pour nous. Je veux retrouver ma famille. »

Une histoire parmi tant d’autres. En réalité rien de nouveau comme l’indique le propos de Quenedy (prénom qui vient de John kennedy). Chaque année, entre 300 et 500 000 personnes du Triangle Nord traversent le Mexique pour les États-Unis. Beaucoup restent au Mexique en réalité. Et chaque année, les États-Unis procèdent pour leur part à de nombreuses expulsions tandis que ces flux de migrants baissent en réalité continuellement depuis 2000 (de 2 millions par an à moins de 500 000 en 2017). Comme en Europe, ils n’ont jamais été aussi bas, divisés par 9 depuis 2015 et la crise des réfugiés Syriens (près de 2 millions à un peu plus de 200 000 en 2017 – sur ce sujet lire l’article de Benoît Breville « Immigration, un débat biaisé » dans Le Monde diplomatique de novembre 2018).

Le gouvernement mexicain a pour sa part « déporté » plus de 160 000 centre-américains en 2016. En ce qui concerne Quenedy, ce n’est pas Donald Trump mais l’administration Obama qui l’a « deporté ». Sous ses mandats, 3 millions de latino-américains ont en effet connu ce sort, plus que sous Trump jusqu’à présent.

Que fuient ces personnes ? La violence de l’Etat, celle d’une économie périphérique de surcroît laminée par les accords de libre-échange avec les Etats-Unis qui invalident toute possibilité de développement pour ces pays, la criminalité organisée – en partie liée à la politique de renvoi par les États-Unis de prisonniers qui étaient dans les pénitenciers américains qui sont venus nourrir et renforcer les groupes criminels locaux, la pauvreté, la militarisation de la société dans le cadre de l’Initiative Merida financée par Washington qui consiste à conditionner la coopération avec les gouvernements locaux à la mise en place de programmes sécuritaires visant à lutter contre le narcotrafic et bloquer les frontières pour empêcher – sans résultat – les départs.

Ce 6 novembre 2018, beaucoup de discussions ont lieu à Ciudad Deportiva, dans les médias mexicains et au sein du monde politique.

Faut il laisser la caravane aller à la frontière où près de 15 000 militaires américains pourraient être mobilisés par Donald Trump, qui a utilisé la caravane pour mobiliser son électorat pendant la campagne des « midterms » ?

Les migrants devraient ils faire leur demande d’asile ici au Mexique et profiter de l’attention médiatique mondiale du moment pour avoir une chance de l’obtenir, et éviter d’échouer aux Etats-Unis, d’être violenté ou tué pendant l’exode ?

Doivent ils rester tous ensemble, en groupe – la constitution de la « Caravane » répond d’abord à une question de protection et de sécurité pour les migrants : être tous ensemble pour être visibles et diminuer les risques de séquestrations et de travail forcé par le crime organisé, d’agressions, de disparitions, d’assassinats, d’arrestations violentes, etc. ?

Mais rester tous ensemble en centre d’accueil d’urgence comme celui du stade « Palillo » ne fait il pas le jeu du gouvernement mexicain qui , ainsi, « parque » , contrôle et éloigne les migrants de leur objectif, conformément à la demande de Donald Trump ?

Soudain, derrière nous , une agitation s’empare d’une petite foule tendue réunie autour d’une camionnette blanche qui distribue un bien très recherché par tous ici – et en nombre insuffisant pour la demande – : des chaussures.

« Une paire de chaussures est la chose la plus précieuse pour nous. Sans elle, nous ne pouvons pas marcher. Or, nous devons marcher pour aller là où nous avons décidé d’aller et là où j’irai » nous dit, fatigué mais décidé, Quenedy.

 

Photos prises au centre d’accueil de Ciudad Deportiva, Mexico, 6 novembre 2018.

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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