En tant qu'association intervenant pour l'accès à la santé et aux droits avec les personnes prostituées depuis 10 ans, nous tenons à vous informer d'une situation inadmissible à laquelle nous sommes confrontées. Encore une fois, les forces de l'ordre prennent le prétexte de la lutte contre le proxénétisme pour faire la chasse aux sans-papiers, et laissent courir les agresseurs !
Depuis plusieurs jours, un groupe de deux hommes et une femme ont pris l'habitude de harceler et tenter de racketter un groupe de femmes migrantes à Toulouse. Dans la nuit du mercredi 1er avril au jeudi 2 avril 2009, l'une d'elles, mère d'un enfant scolarisé à Toulouse, a été rackettée, agressée et gazée par ce groupe de personnes la menaçant de la mettre sur trottoir. Plusieurs brigades de polices sont intervenues, l'une d'elles a contrôlé les papiers de la victime et a profité de la situation pour l'arrêter. Cette femme est actuellement au centre de rétention. Les agresseurs, quand à eux, se sont enfuis, n'ont pas été inquiétés et continuent toujours de sévir.
Pourtant, le 15 janvier 2008, lors d'un entretien au Ministère de l'intérieur, à propos des conséquences désastreuses de la LSI (Lois sur la Sécurité Intérieur, pénalisant le racolage de 3 mois de prison et de 3750€ d'amende) entre le collectif « Droits et Prostitution »[1] et M Dupuch, Chef de la sécurité urbaine, celui-ci affirmait : « Les consignes que nous envoyons aux services de police sont claires, le statut de victime prévaudra toujours sur le statut administratif des personnes ».
Par ailleurs, nous constatons depuis plusieurs semaines, une explosion des violences physiques sur le territoire prostitutionnel toulousain : une femme a été poignardée à la gorge le 31 mars 2009, des femmes sont victimes de vol à la tire de plus en plus souvent et de plus en plus violement, une femmes a été traînée derrière une moto sur plusieurs mètres, et aujourd'hui cette jeune femme est victime de tentative de proxénétisme, d'agression physique et elle se fait arrêter sur le lieu de l'agression pour défaut de papier !
Nous déplorons ces violences mais nous déplorons d'autant plus les violences institutionnelles et policières qui accroissent le sentiment d'injustice et inflige une double peine à des femmes migrantes déjà largement précarisées, stigmatisées, discriminées, et victimes de violences. La répression des migrantes sera toujours le socle de leur exploitation et du proxénétisme !
[1] Collectif d’associations et d’individus pour la défense des droits et la promotion de la santé des prostituées.