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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : L'Humanité - Emilien Urbach - 22/2/2019

« Trois suicides en une semaine ! » C’est le SOS lancé par un Marocain depuis le centre de Coquelles. Un rapport dénonce l’absence d’accès aux soins des étrangers retenus.

C’est un véritable appel au secours, lancé de derrière les barbelés du centre de rétention administrative (CRA) de Coquelles (Pas-de-Calais), qu’a reçu, mardi soir, Laurent Caffier, militant solidaire des exilés dans le Calaisis. « Y a un Érythréen qui s’est suicidé. On ne sait pas s’il est mort ou non. C’est la troisième fois cette semaine. S’il vous plaît ! C’est un SOS ! » entend-on sur l’enregistrement audio qu’il a immédiatement fait parvenir à l’Humanité. « Il faut nous aider ! » lance une autre voix derrière celle du premier témoin.

Joint, mercredi, par téléphone, ce dernier se présente sous le prénom d’Ahmad, un immigré marocain enfermé depuis vingt-quatre jours. Il dit avoir été interpellé lors d’un contrôle d’identité. Sa situation administrative aurait basculé à la suite de son divorce d’avec sa femme française, il y a quelques années. Une véritable descente aux enfers. « J’avais une maison, un travail en CDI, raconte l’homme. À la suite de cette séparation, j’ai tout perdu. » Le voilà aujourd’hui passible d’expulsion vers un pays où il n’a plus aucune attache et retenu entre les murs de ce CRA, témoin abasourdi du sort réservé à ses semblables. « On n’a rien fait de mal ! clame-t-il. On est enfermés comme dans une prison. Mal logés, mal nourris, sans suivi médical. C’est grave ! »

Ahmad a tenté de dénoncer ce à quoi il assiste au sein du CRA en adressant un courrier à la Ligue des droits de l’homme. L’envoi lui a été refusé. Il nous a fait parvenir une photo du courrier. « Je vous informe d’une tentative de suicide, hier soir, à 8 h 30, à cause de la maltraitance au centre et des comportements abusifs envers des personnes qui n’ont commis aucune infraction pénale, peut-on lire dans cette lettre. J’estime que tout ce qui se passe ici est contraire à mes droits. »

« Je préférerais être en prison »

Ce mercredi matin, un autre retenu se présentant comme Farouk se saisit du téléphone d’Ahmad. « Je suis enfermé depuis quinze jours, indique l’homme d’origine algérienne. Ils m’ont emmené ici en pyjama et sans mes lunettes. Je n’ai aucun habit. J’ai assisté à plusieurs tentatives de suicide. Un homme a bu une bouteille de shampoing devant moi, hier, à la douche. Moi-même, j’ai des pensées suicidaires. On nous dit qu’on peut rester enfermés ici trois mois. J’ai une femme, une maison, ma mère vit en France. Je ne comprends pas ce que je fais ici. Je préférerais être en prison. Au moins, là-bas, tu sais quand tu sors. »

Que se passe-t-il derrière les murs de cette prison pour étrangers ? « Je n’ai pas le droit de vous répondre, indique l’infirmière présente mercredi au CRA. Contactez le chef de poste. » L’officier de la police aux frontières nous invite, pour sa part, à contacter sa hiérarchie : « Je ne peux pas vous donner les informations que vous demandez. » Le centre d’information et de commandement nous renvoie, à son tour, vers la préfecture. « Nous ne savons pas si nous pourrons répondre dans les délais, indique une dame au téléphone. Il faut que les informations que nous vous donnons soient validées par mes supérieurs. »

L’omerta sur les conditions dans lesquelles vivent Ahmad et Farouk et les drames auxquels ils disent avoir été confrontés est totale. Même chez France Terre d’asile (FTA), organisme chargé de l’accompagnement des retenus au sein du CRA de Coquelles, rien ne filtre. « Il faut contacter Paris », nous indique une des personnes de l’association présente sur place. « Le porte-parole de FTA ne souhaite pas commenter vos informations », nous répond le service de communication de la structure. La personne au bout du fil confirme toutefois avoir été informée de trois tentatives de suicide depuis dimanche. Elle s’autorise également à pointer l’absence d’accompagnement psychologique au sein des CRA et le facteur aggravant de la détresse psychique que constitue l’allongement de la durée de rétention, adopté par le législateur au début du mois d’août 2018.

Absence de psychologue

Des affirmations que confirme la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, qui a publié jeudi, au Journal Officiel, un nouvel avis relatif à la prise en charge sanitaire des personnes étrangères au sein des centres de rétention administrative. « Lors de la création des CRA en 1981, la durée d’enfermement ne pouvait dépasser 7 jours, rappelle l’ex-présidente du Syndicat de la magistrature. L’allongement de cette période, jusqu’à 90 jours aujourd’hui, rend de plus en plus vulnérables des personnes déjà fragilisées par une grande précarité du fait de leur situation administrative. »

Après avoir visité une soixantaine de CRA, Adeline Hazan dénonce l’absence de psychologue, de psychiatre et de garantie d’accès aux soins à l’entrée dans les centres et durant la période de rétention. « Dans un cas, nous avons même vu un policier chargé de filtrer les demandes de prise en charge médicale des retenus », assure-t-elle. Les étrangers enfermés dans les CRA « ne sont pas des délinquants, mais on les retient dans des lieux très carcéraux, dans lesquels l’hygiène et le confort sont inacceptables », pointe encore Adeline Hazan. Et d’ajouter à l’annonce des trois tentatives de suicide vraisemblablement survenues à Coquelles, cette semaine : « Les récentes grèves de la faim étaient déjà des actes de désespoir. »

Le cri de détresse lancé par Ahmad et Farouk pourrait bien n’être qu’une petite partie, rendue audible par l’attention de quelques militants solidaires, d’un grondement bien plus profond de tous ceux qu’on enferme pour n’être pas nés du bon côté de la frontière.

Émilien Urbach
 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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