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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Monde - Luc Cédelle - 20/6/2019

La criminalisation des migrants s’étend à leurs soutiens – acteurs associatifs et ONG –, constate Christophe Deltombe, le président de l’association de solidarité La Cimade.

Entretien. Christophe Deltombe est avocat au barreau de Paris depuis 1972. Engagé pour la justice sociale, ses combats l’ont amené à devenir notamment président d’Emmaüs France de 2007 à 2013 et, depuis 2018, à diriger La Cimade, association de solidarité créée en 1939. Il déplore notamment une obsession de la lutte contre l’immigration de la part des Etats européens, qui les conduits à jeter une ombre sur le travail des ONG.

Un rapport d’Amnesty International du 5 juin appelle les autorités françaises à mettre fin « au harcèlement et aux agressions » des défenseurs des migrants à Calais et à Grande-Synthe, qui se plaignent de « violences physiques et verbales » de la part des forces de l’ordre. Partagez-vous cette prise de position ?

Nous la partageons totalement. Chaque jour, des personnes sont intimidées, poursuivies, éventuellement condamnées dans divers endroits de France : dans le Calaisis bien sûr, mais également à la frontière franco-italienne, à Paris, Nantes, Saint-Etienne, etc. Pourtant, ces acteurs associatifs viennent en aide à des personnes exilées en situation de très grande vulnérabilité, voire de danger, du fait de politiques migratoires et de pratiques administratives et policières toujours plus répressives.

En décembre 2018, le Défenseur des droits concluait un rapport d’observation en notant que « les pouvoirs publics ont préféré mettre en œuvre une politique essentiellement fondée sur la police des étrangers reflétant une forme de criminalisation des migrations ». Aujourd’hui, cette criminalisation touche aussi, de plus en plus, leurs soutiens. Comme si, en plus de maintenir ces personnes dans des conditions indignes, les autorités souhaitaient également casser les initiatives de solidarités avec elles.

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A propos des migrants en Méditerranée, vous dénoncez, comme d’autres associations, une politique « criminelle » au niveau européen. Quel est le degré d’implication du gouvernement français dans cette politique ?

Lors de sa campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron avait déclaré que ce qui se passait en Libye pouvait être qualifié de crimes contre l’humanité. Fuir ce pays est donc un acte de survie. Des ONG se sont mobilisées pour mener des opérations de recherche et de sauvetage, et ainsi éviter des dizaines de milliers de morts. On dénombre néanmoins 17 000 personnes noyées depuis 2014 !

Jamais un tel drame n’aurait eu lieu si, au lieu de criminaliser les personnes exilées et leurs sauveteurs, l’Europe, fidèle à ses valeurs, avait mis tout en œuvre pour donner la priorité à la protection et au respect du droit international. L’Italie a fermé ses ports et refuse les débarquements de personnes secourues en mer. La France, pour sa part, est pleinement engagée dans cette politique européenne de refoulement vers la Libye. Elle équipe les gardes-côtes libyens.

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Le président de la République, en juin 2018, et le ministre de l’intérieur, à l’issue du G7 en avril, ont formulé des accusations plus ou moins voilées de « collusion » entre ONG et passeurs…

L’obsession de la lutte contre l’immigration conduit les autorités de l’Etat à tenir des propos totalement déraisonnables. Condamnent-elles les bateaux de pêche, les cargos ou les bateaux de Frontex – l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes – lorsqu’ils sauvent des personnes de la noyade ? C’est le droit de la mer qui prime. Va-t-on le remettre en cause ? Aucune preuve d’une complicité quelconque entre ONG et passeurs n’a jamais été présentée. Si les Etats répondaient à leur devoir d’assistance en mer, les ONG n’auraient pas à affréter des bateaux de sauvetage. Ce type de discours accusateur a préparé l’opinion au refus de donner un pavillon français à l’Aquarius, pour aboutir à la situation actuelle, révoltante, où presque plus aucune ONG n’est présente en Méditerranée.

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L’humanitaire français a longtemps été salué comme une fierté nationale. Aujourd’hui, même des organisations « historiques » comme La Cimade ou le Secours catholique sont projetées, malgré elles, dans un rapport de conflit avec l’Etat. Comment en est-on arrivé là ?

La question migratoire est aujourd’hui traitée de manière irrationnelle par les gouvernements successifs qui croient ne pas pouvoir l’aborder autrement que par la répression. Par ailleurs, cette question a de tout temps été instrumentalisée par les courants nationalistes. Il est si facile de faire monter la peur de l’autre lorsque l’on cherche des boucs émissaires en période difficile. L’histoire est lourde de campagnes de presse et d’actes de violence contre les personnes migrantes, italiennes, polonaises, juives…

Aujourd’hui, la cause de tous nos maux est attribuée à la globalisation par les nationalistes et populistes, qui ont trouvé là un formidable argument électoral. Le malheur veut que ceux, dans le monde politique, qui ne partagent pas leurs obsessions se sentent impuissants à les contrer. Pour conserver leurs électeurs, ils font de la surenchère sur la question migratoire. Et alors même que le flux migratoire est largement réduit, le discours devient de plus en plus hystérique, chacun y allant d’une proposition plus attentatoire aux droits fondamentaux que l’autre. Les données scientifiques et le droit ne pèsent guère. Les fantasmes ont pris le dessus. La raison, à laquelle les pouvoirs publics sont devenus sourds, est dépassée par la passion.

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Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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