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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Dalloz Actualité - Pierre Januel - 11/6/2019

Dans le cadre du Printemps de l’évaluation, deux députés se sont penchés sur les expulsions d’étranger. Le coût moyen d’un éloignement forcé est estimé à 13 794 €, environ quatre fois plus qu’un retour aidé. Le rapport détaille les lourdeurs de cette politique d’expulsion et souligne certaines évolutions.

Rapport de règlement de budget et d’approbation des comptes de l’année 2018, 6 juin 2019

13 800 € pour une expulsion

Présenté jeudi en commission des finances, le rapport des députés Modem et LREM Jean-Noël Barrot et Alexandre Holroyd fait un bilan complet de cette politique. En 2018, il y a eu 30 276 départs d’étrangers en situation irrégulière depuis la métropole (26 783 en 2017). Un chiffre qui se décompose en 7 754 départs spontanés, 15 677 éloignements forcés et 6 845 éloignements aidés. Il y a également eu 18 283 éloignements forcés depuis l’outre-mer (et 464 aidés). À cela, il faut ajouter 4 128 réacheminements réalisés depuis les zones d’attente.

Les deux rapporteurs estiment le coût global de la politique d’éloignement forcé des étrangers à 468,5 millions d’euros en 2018. Détaillé dans le rapport, ce calcul est décomposé en trois phases : le coût de l’interpellation des étrangers en situation irrégulière est de 92 millions d’euros. Celui de la surveillance et du contentieux est de 348 millions d’euros. Enfin, le coût des éloignements est évalué à 42 millions d’euros. Sur l’ensemble du territoire, le coût moyen d’un éloignement forcé est de 13 800 €. Celui d’un retour aidé est entre 2 500 € et 3 900 € (selon que l’on utilise les chiffres de l’OFII ou de la PAF, qui sont différents).

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Dans le détail, cette politique commence par l’interpellation. En 2018, 110 691 étrangers ont été contrôlés en situation irrégulière en métropole (plus de la moitié par la PAF). Ces contrôles ont abouti à 103 852 obligations de quitter le territoire français (OQTF), 1 232 interdictions du territoire et 243 expulsions.


Dix premières nationalités concernées par les OQTF
 

Dix premières nationalités ayant fait l’objet d’un éloignement forcé
 
1. Algériens (12 990) 1. Albanais (2 112)
2. Albanais (8 585) 2. Roumains (1 909)
3. Marocains (7 481) 3. Algériens (1 525)
4. Tunisiens (6 307) 4. Marocains (1 161)
5. Irakiens (3 878) 5. Tunisiens (777)
6. Maliens (3 430) 6. Afghans (522)
7. Roumains (2 933) 7. Moldaves (248)
8. Pakistanais (2 926) 8. Bulgares (188)
9. Ivoiriens (2 914) 9. Chinois (102)
10. Congolais (RDC) (2 788) 10. Turcs (94)

 

Mais, si le taux d’exécution des OQTF n’est que de 12 %, les juridictions administratives ont enregistré 81 473 affaires en matière d’éloignement des étrangers en situation irrégulière en 2017, alors que les juridictions judiciaires rendaient 48 370 décisions (dont 30 % de cours d’appel).

Seuls 40 % des étrangers retenus et 10 % des assignés sont expulsés

En 2018, sur les 24 531 personnes qui ont été retenues dans des centres de rétention en métropole (durée moyenne : quinze jours), seules 9 782 ont été éloignées : cette proportion de 40 % est en baisse mais elle aurait augmenté de dix points depuis début 2019. « Un taux limité au regard du coût de la rétention. » Les députés soulignent que, dans la région sud, les décisions de placement « prennent moins en compte les possibilités d’éloignement effectif et reposent largement sur la volonté de maintenir l’ordre public et de dissiper tout sentiment d’impunité au sein des communautés étrangères les moins aisément "éloignables" ».

Le nombre d’assignés à résidence a quadruplé en deux ans pour passer à 18 300. Mais seuls 10,5 % des personnes assignées sont éloignées… Pour développer cette politique, le ministère s’appuie de manière croissante sur les centres de préparation au retour (CPAR), dans lesquels des étrangers peuvent être assignés. En moins de quatre ans, seize centres, représentant 900 places, ont été ouverts.

Les rapporteurs expliquent les faibles taux d’expulsion par la difficulté à obtenir des laissez-passer consulaires (le rapport détaille les chiffres par pays). Par ailleurs, pour les sortants de prison ensuite retenus en CRA, « un nombre important a été placé sans que les démarches administratives préalables aient été engagées » durant la détention.

Le rapport comptabilise 3 200 refus d’embarquer de la part des étrangers ou des commandants de bord (une centaine). Des difficultés d’organisation d’escortes et des compagnies aériennes expliquent aussi 3 000 expulsions inabouties. À ce sujet, les députés critiquent le recours à des vols commerciaux réguliers, dont le marché est « jugé trop rigide, onéreux et insuffisamment réactif ». Ils suggèrent de recourir plus régulièrement à l’affrètement de charters, comme ce fut le cas pour l’expulsion d’une soixantaine de Sri-Lankais depuis la Réunion en février 2019.

Plus de retours aidés… Et d’effet d’aubaine ?

Les rapporteurs soulignent l’efficacité des retours aidés, en hausse due à une augmentation du montant alloué à l’aide. Mais les députés notent que cette croissance provient des ressortissants originaires de pays dispensés de visa ou traités comme tels (Kosovo), dont la part est passée en deux ans de 24 % à 56 %. Cela fait craindre des effets d’aubaine d’étrangers aidés qui reviendraient rapidement. Des abus avaient conduit à une réduction drastique de retours aidés il y a cinq ans. Les rapporteurs regrettent qu’aucune étude n’ait été menée « pour mesurer la réalité du maintien durable dans le pays d’origine ». Tout juste sait-on que 1 350 personnes qui avaient bénéficié d’une aide au retour en ont redemandé une, alors qu’ils ne peuvent pas la percevoir deux fois.

Enfin, si les rapporteurs sont favorables aux salles d’audience délocalisées à côté des centres de rétentions, ils sont plus mitigés sur les vidéo-audiences, dont le développement est encouragé par la loi Collomb : « elles posent de réelles questions en matière de déroulement de la procédure juridictionnelle » et nécessitent « des installations techniques performantes ». Ils appellent à une réelle expérimentation avant toute généralisation.

 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

Visites au CRA

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