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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : L'Humanité - Camille Bauer - 18/9/2019

Éric Fassin, sociologue spécialiste des questions migratoires, revient sur les raisons pour lesquelles Emmanuel Macron remet ce thème au centre du débat politique.

 

Que vous inspire ce choix du président de remettre l’immigration au cœur du débat politique ?

Éric Fassin Pour quelqu’un qui revendique de rejeter le vieux monde, Emmanuel Macron se contente en réalité de rejouer une vieille partition. Il prend comme modèle le Nicolas Sarkozy de 2005 : au lendemain du référendum européen, celui-ci a tenté de répondre aux électeurs qui avaient voté non en jouant la carte de la xénophobie. Est-ce efficace ? Cette stratégie n’a marché qu’une fois : en 2007, avec son ministère de l’Identité nationale et de l’Immigration, Sarkozy a siphonné des voix à Jean-Marie Le Pen. Mais, pour Macron, ce sera plus compliqué : son fonds de commerce électoral, c’est de se présenter en rempart contre le Rassemblement national (RN). S’il l’imite, le président devra se souvenir de la phrase de Le Pen : « Les Français préfèrent toujours l’original à la copie. » Lorsqu’on parle le langage de son adversaire, c’est lui qui finit par gagner.

 
Comment interprétez-vous son discours sur les classes populaires ?

Éric Fassin D’abord, il est étonnant de voir Macron jouer au marxiste pour s’en prendre aux bourgeois… Le « président des riches » croit-il qu’il suffit de mener une politique xénophobe pour devenir le président des prolétaires ? Quelle condescendance… Premièrement, quand il dit que « les bourgeois n’ont pas de problème avec ça », de quoi parle-t-il ? Des demandeurs d’asile ? Moins de 150 000 pour 67 millions d’habitants, c’est peu. En fait, il suggère que « ça » comprend tous les immigrés, voire les Français issus de l’immigration. C’est comme Sarkozy avec l’immigration subie : il élargit la définition pour grossir le problème. Bien sûr qu’il y a des problèmes en matière d’immigration. Mais pourquoi en conclure que l’immigration est un problème en soi ? Deuxièmement, si « les classes populaires vivent avec », ça veut dire que tous ces Français qui auraient du mal avec « ça » n’auraient aucun rapport avec l’immigration ; pourtant, les enfants d’immigrés sont surreprésentés dans les classes populaires. C’est donc faire comme s’ils n’appartenaient pas au peuple, autrement dit comme si le peuple était blanc. C’est le discours du RN : défendre le peuple contre les immigrés et leurs enfants. Cette xénophobie débouche donc sur le racisme, puisqu’elle met à part des Français en raison de leurs origines.

 
Il utilise le terme d’insécurité culturelle. Est-ce sa réponse à l’insécurité sociale ?

Éric Fassin Quand on parle d’insécurité, on nous répond « sentiment d’insécurité » : il y a un écart entre la réalité et la perception. Mais, pour l’insécurité culturelle, le sentiment et l’insécurité se confondent : il n’y a que le ressenti. On voit la tactique rhétorique : c’est une façon de dire aux gilets jaunes, comme Sarkozy aux Français qui votaient non en 2005 « je vous ai compris ; parlons d’immigration ! ». Bref, il répond à une question qui n’est guère posée par ce mouvement. On a le sentiment que Macron est à court d’idées. Pour faire avaler la pilule amère de ses réformes néolibérales, il n’a plus que deux options : la répression des mouvements sociaux et, pour compenser, l’exaltation des passions xénophobes. Pour sa réélection, c’est un pari dangereux. En tout cas, cela augure de mauvais jours, avec Macron ou avec Marine Le Pen.

Entretien réalisé par Camille Bauer
 
 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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