Source : Le Monde - Julia Pascual - 13/11/2019
Leur nombre a augmenté en 2015, avec la hausse de la demande d’asile, mais s’est stabilisé dès 2019. La moitié d’entre eux se trouvent en Allemagne et au Royaume-Uni.
Entre 3,9 et 4,8 millions d’étrangers vivent en situation irrégulière en Europe et la moitié d’entre eux résident en Allemagne et au Royaume-Uni. Dans une étude parue mercredi 13 novembre, le centre de recherche américain Pew Research Center évalue le nombre de personnes qui se trouvaient sans papiers sur le continent en 2017. C’est la première étude du genre depuis dix ans, qui permet notamment d’évaluer l’impact de ce qui a été communément appelé la « crise migratoire ».

Selon les travaux du Pew Research Center, les sans-papiers représenteraient moins de 1 % de la population européenne (évaluée à 500 millions de personnes). A titre de comparaison, la part des sans-papiers est de 3 % aux Etat-Unis, avec plus de 10 millions de personnes.
Le Pew Research Center note toutefois une « augmentation récente » du nombre de sans-papiers en Europe, due essentiellement à la hausse des demandeurs d’asile depuis 2015, qui pèsent pour environ un quart de l’ensemble des personnes en situation irrégulière. Les auteurs de l’étude ont en effet choisi d’inclure dans leur estimation les personnes sollicitant un statut de réfugié et qui n’ont pas encore obtenu de réponse du fait de leur avenir incertain (38 % des demandeurs ont obtenu une protection en 2018). Il est toutefois important de souligner que les auteurs ont constaté une stabilisation du nombre de migrants sans titre de séjour à partir de 2016.

- L’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et l’Italie, principales destinations
Environ un million de sans-papiers vivent en Allemagne et autant au Royaume-Uni. Si les volumes sont comparables, le nombre de sans-papiers outre-Rhin a presque doublé entre 2014 et 2016, alors qu’il est resté plutôt stable outre-Manche, les îles britanniques n’ayant pas été l’une des principales destinations des demandeurs d’asile arrivés à partir de 2015. De la même manière, si l’Allemagne compte environ quatre fois plus de migrants réguliers qu’irréguliers – ce qui correspond à la moyenne européenne –, le Royaume-Uni a autant d’étrangers sans titres que d’étrangers pourvus d’un titre de séjour.

L’Italie et la France arrivent en troisième et quatrième positions avec, respectivement, autour de 600 000 et 350 000 sans-papiers. « Comparé aux grands pays de destination des migrants en Europe, la France a un nombre relativement plus faible de sans-papiers, soulignent les auteurs. Une des raisons possibles est que certains sans-papiers peuvent être régularisés après plusieurs années s’ils remplissent certains critères. » Autour de 30 000 personnes bénéficient d’une admission exceptionnelle au séjour chaque année, pour des motifs liés principalement à leur situation familiale ou professionnelle. Cette particularité montre l’impact des politiques gouvernementales sur le volume de sans-papiers.

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Le plus souvent des hommes de moins de 35 ans
Sur l’ensemble du continent, 56 % des sans-papiers sont présents depuis moins de cinq ans, mais plus d’un quart sont présents depuis plus de dix ans. Ils sont, pour les deux tiers d’entre eux, âgés de moins de 35 ans et sont des hommes dans plus d’un cas sur deux.
En Europe, les origines des migrants sans papiers sont plus diverses qu’aux Etats-Unis, où l’écrasante majorité d’entre eux viennent du sous-continent américain et en particulier du Mexique. En Europe, environ un tiers des sans-papiers sont originaires d’Asie Pacifique – c’est particulièrement le cas au Royaume-Uni où ils comptent pour plus de la moitié des sans-papiers ; 23 % viennent d’Europe et 21 % du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, tandis que 17 % sont originaires d’Afrique subsaharienne.
En 2018, les transferts d’argent des résidents de l’Union européenne (UE) en dehors du continent se sont élevés à 35,6 milliards d’euros, contre 32,6 milliards en 2017, selon les chiffres d’Eurostat publiés mardi 12 novembre. La majorité des transferts personnels se compose de flux d’argent envoyés par les migrants dans leur pays d’origine, en particulier en Asie (21 %) et en Afrique du Nord (18 %). Les flux sortants de transferts personnels ont été les plus élevés depuis la France (11,4 milliards d’euros), suivie par l’Espagne (7,7 milliards), le Royaume-Uni (7 milliards), l’Italie (6,5 milliards) et l’Allemagne (5,2 milliards).
Les flux entrants dans l’UE ont quant à eux atteint 10,9 milliards d’euros en 2018, inchangés comparé à 2017. Les flux entrants les plus importants ont été enregistrés au Portugal (3,6 milliards d’euros) devant la Roumanie et la Pologne. Dans ces deux derniers pays, 89 % et 85 % des flux proviennent d’un autre Etat membre.