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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Par Cerise Maréchaud | Rue 89 | 09/03/2010

Le cas de Najlae Lhimer, renvoyée au Maroc à 19 ans, n'est pas isolé.

Rue89 donne la parole à ces jeunes expulsés.

 

De Casablanca au téléphone, Najlae Lhimer se dit « soulagée et heureuse » : elle vient d'apprendre que Nicolas Sarkozy est prêt à l'accueillir en France. La jeune Marocaine de 19 ans en a été expulsée le 20 février vers son pays natal, le Maroc, qu'elle a fui en 2005 pour échapper au mariage forcé que lui réserve son père à Oujda (Nord-Est).

A Château-Renard, dans le Loiret (Centre), elle suivait une formation en hôtellerie-restauration et vivait chez son frère, qu'elle accuse de violences. Arrêtée alors qu'elle venait de porter plainte et demander de l'aide, son cas a soulevé l'indignation d'associations de défense des droits des femmes.

Samedi 6 mars, à la veille de l'annonce présidentielle, elle témoignait à Rue89 lors d'une rencontre à Rabat :

« Si mon père me retrouve, c'est foutu, je retournerai avec lui et ma vie va se terminer, basta, mariage, les enfants et c'est tout. »

Dans quelques jours, Najlae devrait rentrer en France avec un visa long-séjour, comme avant elle, ces dernières semaines, Mohamed Abourar, lycéen de Colombes (Hauts-de-Seine) expulsé le 23 janvier malgré son « contrat jeune majeur », ou encore Salima Boulhazar, renvoyée au Maroc début février, mais qui a pu retrouver sa famille (dont sa sœur jumelle) à Clermont-Ferrand dimanche.

« Emballement de la machine à expulser »

Des bonnes nouvelles relatives (et non sans lien avec le contexte électoral) qui cachent mal une tendance inquiétante : la multiplication et l'accélération des expulsions de ces jeunes Marocains qui, arrivés mineurs en France auprès d'un parent, deviennent « sans-papiers » à leur dix-huitième anniversaire.

Sauf qu'une fois « éloignés » des frontières hexagonales, nombreux se retrouvent démunis et sans repères avec, pour quasi unique soutien, la branche locale de Réseau éducation sans frontières (RESF).

Depuis sa création en 2006 par des enseignants du lycée Descartes de Rabat, RESF-Maroc a eu connaissance d'une vingtaine de cas. « Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. On sait que de nombreux jeunes sont passés sans qu'on le sache », assure une militante inquiète de « l'emballement de la machine à expulser ». Elle poursuit :

« Je crois que les décideurs ne se rendent pas compte de ce que vivent ces jeunes quand ils arrivent au Maroc. C'est la vie brisée, la fin de l'école, un arrachement avec la famille. »

« Abandonné »

Hassan El Bouyahiaoui, 22 ans, fait partie de ceux -les plus nombreux- dont la situation s'enlise dans la précarité et l'oubli.

Elevé à Oujda par sa grand-mère, il part, à la mort de celle-ci, pour Montpellier rejoindre son père, ancien maçon, aujourd'hui handicapé.

A ses 18 ans, alors scolarisé en CAP (Contrat d'apprentissage professionnel) de mécanique, il se voit délivrer des autorisations provisoires de séjour, puis c'est une « OQTF » (Obligation de quitter le territoire français) après un échec à des examens.

Hassan n'en a pas moins des propositions de travail en alternance, mais trop tard. Centre de rétention, embarcation de force sur le bateau Sète-Tanger le 10 mars 2009 -il y a un an jour pour jour. A Oujda, son grand-père, malade et sans le sou, lui ferme sa porte.

Après plusieurs semaines d'errance parfois risquée dans cette zone frontalière, Hassan atteint Rabat puis Témara, où une militante lui trouve un travail dans une usine. Depuis sept mois, il squatte une vieille maison dont les murs roses respirent tout sauf la gaité. Hassan, lui, se sent comme cette villa décatie et son jardin en friche : abandonné. (Ecouter le son)

 

« Peut-être que si j'étais encore scolarisé, il y aurait eu plus de mobilisation, mon lycée aurait fait grève… », cogite Hassan. Il poursuit : « Mon ancien patron vient de me faire une promesse d'embauche. C'est le seul truc qui me fait tenir le coup. »

 

Jihad Errais a été expulsé il y a bientôt trois ans. Natif de Tinghir, petit village près de Ouarzazate, il est parti en 2003 vivre à Orly chez son oncle et tuteur pour aider ses parents, vendeurs de légumes. Ce jeune au regard doux raconte :

« Avant ma majorité, j'ai fait une demande de carte de séjour, mais je n'ai pas eu de réponse pendant plus d'un an. J'ai paniqué et me suis enfui en Espagne, on m'a arrêté à la frontière. »

Elève sérieux, délégué de classe, Jihad a appris le français en six mois et a été admis en BEP hôtellerie-restauration à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne). « Un secteur où il y a un gros besoin de main-d'œuvre », s'étonne-t-il. Depuis, il se débrouille à Casablanca, de centre d'appels en institut de sondage, mais dort mal, rattrapé par son obsession du retour en France.

« En France, je peux aller loin »

Tout comme Alaeddine El Jaadi, 21 ans, coincé depuis neuf mois dans l'appartement familial de Sidi Slimane, bourgade somnolente au nord de Rabat, après cinq ans de vie à Lyon chez sa tante. Par ignorance, celle-ci n'avait pas entamé de démarches de régularisation :

« Je venais d'obtenir mon CAP de plâtrier-plaquiste et on m'avait proposé un travail. Ici, je connais des jeunes, ils ont le bac et ne travaillent pas, alors moi ? Je n'ai aucun niveau scolaire ici. Là-bas, en France, je peux encore aller loin. »

Mais il s'inquiète de l'affaiblissement de la mobilisation pour son retour. Son espoir s'accroche aux coups de fil encore réguliers de George Gumpel, septuagénaire membre de l'Union des juifs français pour la paix, qui a caché Alaeddine, chez lui à Lyon pendant neuf mois, comme lui-même fut caché sous l'Occupation.

Il s'accroche aussi à l'idée de faire valoir ses droits. Il témoigne :

« Pendant mon expulsion, j'ai été frappé, traîné par terre. »

A RESF-Maroc, le rôle du réseau fait parfois débat. Ses membres s'interrogent :

« Doit-on tout faire pour les aider à rentrer, quitte à leur donner de faux espoirs, ou se concentrer sur leur réinsertion ici et leur faire avaler la pilule amère ? »

Mais ils sont certains d'une chose : le ministère de l'Immigration ne tient pas compte de la réalité des jeunes qu'il renvoie. Pour preuve, Catherine nous lit la lettre (datée de novembre) de son secrétariat général, en réponse à un communiqué (de septembre) de RESF-Maroc sur les situations de Hassan, Alaeddine, Jihad et d'autres. (Ecouter le son)

 

Voir l'article complet sur  Rue_89

 

 

 




Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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