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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

La Dépêche | 16/01/2011

Le centre de rétention de Cornebarrieu reçoit entre 5 et 10 personnes par jour. Un site ultra-sécurisé avec fil de fer, grillages, caméras… Photo DDM
Le centre de rétention de Cornebarrieu reçoit entre 5 et 10 personnes par jour. Un site ultra-sécurisé avec fil de fer, grillages, caméras… Photo DDM

 

Ils rêvaient d'une autre vie et ont risqué la leur pour venir en France. Ils se retrouvent en rétention au centre de Cornebarrieu près de l'aéroport de Blagnac. Histoires croisées de ces naufragés de l'immigration, à l'heure où le Conseil d'État tranche sur leur sort.

Han est une dame minuscule qui sourit tout le temps. Elle ne parle pas un mot de français. Pourtant, elle a vécu six ans dans le Gers, placée par un réseau de passeurs chinois. Bonne à tout faire, dans une famille française. Ménage, repas, soin des enfants. Esclave ? Et puis un jour, les employeurs qui n'en avaient plus besoin ont appelé le commissariat, dénonçant la « sans-papiers ». Han a été convoquée. Arrêtée. Mise en rétention. Puis libérée, car le consulat chinois n'a pas établi son identité. La petite souris chinoise a depuis redisparu…

Han est l'une des 1 800 personnes qui passent chaque année par le centre de rétention de Cornebarrieu. Ces fameux sans- papiers que l' on va reconduire à la frontière. Et qui ont pour la plupart, des trajectoires de vie incroyables…

Ainsi, Ahmed, 55 ans. Un petit bonhomme aux yeux malicieux, à l'accent de titi parigot, et aux mains puissantes et calleuses « Des mains de marin ! » fait-il fièrement. Lui est né en Algérie. La famille atterrit dans le Nord quand il est bébé. Papa est mineur. Ahmed, l'aîné, est le seul qui conserve la nationalité algérienne. Tous ses frères et sœurs sont Français.

« Mais à 20 ans, j'ai fait une bêtise. Une entourloupe à la carte Bleue. Alors, du coup, j'ai été expulsé ! »

Et voilà comment depuis 30 ans, Ahmed revient régulièrement en France. Et comment depuis 30 ans, il est régulièrement expulsé. Car désormais, il lui est impossible de demander la nationalité française. Qui lui est refusée, précisément à cause de ces retours interdits. Kafkaïen.

« En Algérie, je suis devenu marin, pour revenir un jour… »

Et deux fois, Ahmed a traversé toute la Méditerranée, dans une chaloupe de 4 mètres, avec un moteur diesel et six hommes à bord. De l'eau, mais pas de vivres, pour les 36 heures de la traversée. « Avec un GPS, pas de souci ! Mais il faut arriver au petit matin ! Quand il n'y a pas encore les gardes-côtes ! » Cette année, Ahmed a pu embrasser sa petite fille qui vit à Montpellier. On l'a embarqué dans l'avion fin février.

Il reviendra.

Mustapha, lui, est un jeune homme élégant et affable. Mais au fond de ses yeux, la douleur brille. Il vivait au Tchad. Malheur à lui, il n'était pas de la bonne ethnie. « On m'a arrêté, emprisonné, torturé… On était à sept dans une cellule de 2 m2 avec une poignée de riz par jour… »

C'était en 2006. Un mois après son arrivée, la rébellion attaque la prison. Mustapha est libéré. Il est couvert des plaies. « La communauté internationale fait semblant de ne pas voir ce régime tchadien corrompu et sanguinaire… » Il est récupéré par son oncle qui le transporte sur son cheval. Traqué avec les rebelles, il doit fuir son pays. Exfiltré vers la Libye, il est soigné dans un hôpital. Un passeur lui propose l'Europe. Ce bachelier au français impeccable opte pour la France…

« On a traversé la mer à 54 dans une pirogue à moteur. On a partagé des tablettes de chocolat. Il y avait des malades à bord, des gens qui avaient la diarrhée en permanence… »

Une fois en France, il réclame l'asile politique. Refusé.

« On n'a pas voulu voir mes cicatrices… » dit-il comme si on l'avait une deuxième fois torturé. Il montre le certificat d'un médecin toulousain. Qui détaille les blessures. Et surtout le traumatisme. Les terreurs. Les cauchemars. Mustapha a brûlé le bout de ses doigts pour ne plus avoir d'empreintes digitales…

Il passera de longs mois entre les tribunaux, les administrations, les centres de rétention : « On m'a mis des menottes, à moi, qui n'ai jamais fait de mal à personne ! » Pour l'instant, protégé par une convention européenne, Mustapha est libre. Et il travaille. Informaticien.

« J'ai même bossé dans une préfecture ! » Enfin, il sourit…

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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