Le Parisien | 21.09.2011
"S'il n'y a pas de politique du chiffre, c'est-à-dire s'il n'y a pas d'aiguillon sur les préfets, alors les préfets ne font pas ce travail de renvoyer, non pas vers la mort, non pas vers Auschwitz ou vers une situation. ..", a déclaré Arno Klarsfeld sur France Inter.
"S'il n'y a pas d'aiguillon sur les préfets, c'est-à-dire si les préfets ne sont pas, disons, entre guillemets, emmerdés administrativement par leur hiérarchie, alors ils ne font pas le travail parce que c'est un travail qui est difficile, emmerdant, qui suscite des tracas administratifs, qui nécessite de recevoir les associations, ils se font mal voir", a-t-il insisté.
Selon M. Klarsfeld, les étrangers reconduits comme les Roms ne vont pas vers une "destination fatale". "Les Roms qui sont renvoyés, disons en Roumanie, vont vers un pays où ils sont moins heureux qu'en France, mais c'est pas pour autant qu'ils peuvent rester en France".
Invité à répondre à ces propos par France Inter, le président de la LDH Pierre Tartakowsky a dénoncé "une légèreté, une désinvolture qui n'honorent pas la République".
"On ne peut pas attendre d'Arno Klarsfeld qu'il critique la politique du gouvernement. De là à tenir des propos aussi désinvoltes, aussi irresponsables sur la politique du chiffre, c'est proprement hallucinant", a-t-il dit.
"Je ne crois pas que la politique du chiffre soit là pour emmerder les préfets mais elle est là pour habiller l'horreur" car "une fois qu'on a déterminé le chiffre, c'est là que l'humanité commence à reculer", a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, France Terre d'Asile (FTA) souhaite que M. Klarsfeld "travaille et potasse quelques fiches sur la situation des pays d?origine vers lesquels sont renvoyés des étrangers (Afghanistan, Soudan, Kosovo et RDCongo).
"Arno Klarsfeld explique que ce n?est pas +mal+ de renvoyer les étrangers en situation irrégulière, car la France ne les renvoie pas vers Auschwitz. Chacun appréciera le ridicule de l?argument", ajoute l'association.
Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a demandé à l'Ofii d'augmenter le nombre de retours aidés des sans-papiers dans leur pays afin de parvenir à son objectif de 30.000 reconduites à la frontière.