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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : gisti - Édito extrait du Plein droit n° 128 - mars 2021

Les temps sont durs pour les libertés. Après le projet de loi sur la sécurité globale, un second texte, « confortant le respect des principes de la République [1] », menace particulièrement les associations dans leur droit d’expression et d’opinion.

Selon l’article 6 du projet adopté le 16 février, par l’Assemblée nationale, « [t]oute association ou fondation qui sollicite l’octroi d’une subvention […] auprès d’une autorité administrative […] s’engage, par un contrat d’engagement républicain, à respecter les principes de liberté, d’égalité, de fraternité et de respect de la dignité de la personne humaine ainsi qu’à respecter l’ordre public, les exigences minimales de la vie en société et les symboles fondamentaux de la République ». Si l’un des objectifs affichés était de contrôler les associations cultuelles et les lieux de culte, tout le secteur associatif est placé ainsi sous surveillance permanente. Véritable contrat de défiance [2] à l’égard des associations, il inquiète d’autant plus que les principes à respecter sont sujets à interprétation et peuvent être entendus différemment selon les contextes et les forces politiques. Des principes modulables, qui exposent à des sanctions bien réelles. Pire : « Un décret en Conseil d’État précise les modalités d’application du présent article. » Il appartiendra donc au pouvoir exécutif de définir les contenus et les postures attendues au titre du contrat d’engagement républicain ! Comment comprendre les « exigences minimales de la vie en société », pour ne prendre que cet exemple ?

Les associations s’exposent à des sanctions, essentiellement financières. Le même article 6 énonce : « Lorsque […] ses activités ou les modalités selon lesquelles elle les conduit ne sont pas compatibles avec le contrat d’engagement républicain qu’elle a souscrit, l’autorité ou l’organisme sollicité refuse la subvention demandée » et « [s’]il est établi que [c’est le cas] l’autorité ou l’organisme ayant attribué la subvention procède au retrait de cette subvention par une décision motivée », les sommes déjà versées devant par ailleurs être restituées. Si ces dispositions étaient mises en œuvre, elles organiseraient un contrôle politique, via les finances, d’une large partie de la société civile. Menacées par cette épée de Damoclès, certaines organisations seraient conduites à s’autocensurer dans leurs critiques, tandis que celles qui ne se plieraient pas à cette nouvelle forme d’allégeance seraient placées dans une grande insécurité financière et juridique.

Ces dispositions ont fait l’objet de nombreuses critiques. Du Conseil d’État [3] d’abord, qui réfute le terme de contrat là où il ne faudrait parler que d’engagement. Puis de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) [4] selon laquelle ce projet instaure « unilatéralement une obligation nouvelle, aux contours imprécis et qui atteint le climat de confiance nécessaire au développement d’un sain partenariat ». Elle en recommande donc l’abandon, considérant que la charte d’engagements réciproques conclue, en février 2014, entre l’État, le mouvement associatif et les collectivités territoriales constitue un support suffisant. La Défenseure des droits [5], quant à elle, relève les mêmes risques d’atteinte à la liberté d’association. Elle note en effet que l’article 6 incriminé opère un retournement « en mettant les associations dans une position où il ne leur est plus seulement demandé de ne pas commettre d’infraction, mais aussi de s’engager positivement et explicitement, dans leurs finalités comme dans leur organisation, sur des principes qui sont ceux de la puissance publique ». Ce qui revient, sans conteste, à dénaturer le statut des associations et leur liberté.

Une première version du contenu de ce contrat, dévoilée par la presse, liste ainsi 7 engagements. Au titre de celui relatif au respect de la légalité et de l’ordre public, on peut lire : « ne pas causer de trouble à l’ordre public » et « ne pas revendiquer sa propre soustraction aux lois de la République pour un quelconque motif ». Ce qui laisse une marge de manœuvre considérable aux pouvoirs publics. Contester une politique, en usant de moyens démonstratifs (mais sans violence), n’est-ce pas déjà causer un trouble à l’ordre public ? Par ailleurs, il est constant que des associations ont parfois recours à la désobéissance civile pour asseoir leurs revendications. Ce mode d’action n’est-il pas directement condamné par la seconde règle ? Quand bien même les pouvoirs publics n’iraient pas jusqu’à couper les subventions – encore que rien n’est moins sûr dans le contexte liberticide ambiant –, cette seule menace est déjà insupportable. Les associations qui œuvrent dans le domaine de l’asile et de l’immigration, de la défense des droits ou encore de l’environnement n’ont qu’à bien se tenir…

L’introduction de ces nouvelles exigences est à géométrie variable : pour ne donner qu’un exemple, cela fait des années que des entreprises peuvent braver certains principes dits républicains, telle l’égalité entre les sexes, sans jamais se voir menacer de perdre les nombreuses aides de l’État, telles les exonérations fiscales ou de cotisations sociales. Cette différence de traitement met en lumière les dimensions punitives et politiques du projet de loi, véritable machine de guerre contre les associations qui défendent des conceptions de l’égalité n’entrant pas dans le cadre du national-libéralisme autoritaire et de la laïcité fermée actuellement à l’œuvre.

 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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