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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Compte-rendu de deux observatrices de la Cimade

 

Toulouse, le 10 décembre 2012

 

Lundi 8h45, devant la préfecture de Toulouse. Au moins deux cent personnes devant la porte, attendent l'ouverture. Depuis le 3 décembre, le lundi de 9h à 12h, et de 13h30 à 15 h, au guichet de l'admission exceptionnelle au séjour, les étrangers en situation irrégulière qui souhaitent faire une demande de régularisation dans le cadre de la circulaire du 28 novembre, peuvent retirer un dossier.

D'après ladite circulaire (paragraphe 1.1) les services se doivent de réceptionner « systématiquement  les demandes d'admission au séjour », ce qui devrait signifier que tout étranger peut obtenir un dossier et la liste des pièces à fournir, selon le cas. La réception des dossiers se faisant un autre jour de la semaine, à Toulouse concrètement, le dépôt des dossiers est prévu le mardi et jeudi matin, sans rendez-vous.

Lundi 9h, bousculade à l'entrée de la préfecture. Le guichet, où les étrangers doivent se présenter pour retirer un dossier de régularisation, se trouve au premier étage. Il faut monter, suivre une passerelle de moins de 2,50 m, puis un couloir de la même largeur, avant d’accéder à la petite salle d'attente de 35 m2 environ, où se trouve le bureau de la chef du Service des Étrangers et un guichet, où les dossiers sont en principe délivrés.

Lundi 9h05, il y a déjà plus de cent personnes, qui se pressent, se bousculent, sur la passerelle, dans le couloir et dans la salle d'attente. Au fond, assise sur les sièges prévus pour attendre, se trouve la chef de service en personne, ainsi que deux autres fonctionnaires. L'une d'entre elles cherche désespérément à faire reculer les personnes, à tenter d'organiser la cohue, ce qui n'est absolument pas possible, puisque la file d'attente atteint le bas de l'escalier.

Pour espérer retirer un dossier, vierge, il faut accéder à la chef de service en personne, présenter une pièce d'identité, décliner son identité, exposer sa situation brièvement, devant plus de cent personnes, et obtenir ou non un ticket, permettant d'aller au guichet, qui se trouve dans la même salle d'attente sur la gauche. 

Nous ignorons réellement sur quels critères sont obtenus les tickets et ensuite délivrés les dossiers. De très nombreuses personnes sont reparties, au bout d'1 ou 2 heures d'attente, voire plus, sans dossier. Des femmes pleuraient, des hommes aussi. Rien n'est prévu pour les femmes enceintes ou accompagnées de bébés.

Aucune mesure particulière n'est prise pour les étrangers sollicitant un dossier d'admission exceptionnelle au séjour, n'entrant pas dans le cadre de la circulaire.

Nous sommes reparties au bout de deux heures et demie, la personne accompagnée par M.L. a obtenu un dossier, deux des trois personnes accompagnées par M. n'ont pas eu de dossier.

Nous avons été scandalisées et effarées. Nous considérons que l'accueil des personnes était indigne et la procédure de délivrance des tickets mise en place inopérante et arbitraire. Pour mémoire, de nombreuses préfectures en France ont mis en ligne les dossiers, les informations complètes, la circulaire in-extenso et ont prévu de recevoir les demandes par courrier en envoi recommandé. 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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