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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Nouvel Observateur | 10/10/2014

Depuis quelques semaines, un document officiel, émanant du Conseil de l’Union européenne, tourne sur les réseaux d’aide aux migrants et aux sans-papiers, à l’initiative de l’association britannique Statewatch.

Une rafle d’ampleur du 13 au 26 octobre

Ce document [PDF] annonce la tenue prochaine d’une opération de police appelée Mos Maiorum contre les migrants en situation irrégulière et « le crime organisé ».

Menée sous la présidence de l’Italie et avec les pays de l’espace Schengen qui se porteront volontaires, Mos Maiorum se déroulera du lundi 13 au dimanche 26 octobre. Elle vise à « arrêter les migrants en situation irrégulière et rassembler des informations utiles au renseignement et à fin d’enquêtes ».

Outre les arrestations, l’Union européenne espère donc collecter des données sur l’immigration clandestine en Europe. Elle demande explicitement aux pays participant à l’opération de noter, pour chaque personne arrêtée :

  • le profil (nationalité, genre, âge, point et date d’entrée en Union européenne) ;
  • les chemins empruntés pour arriver en Europe ;
  • le modus operandi (« faux papiers saisis, demande d’asile, signes que l’individu est un passeur, nationalité et pays de résidence des facilitateurs, somme versée par chaque immigrant »).

Des noms latins ou grecs

De telles rafles ne sont pas rares en Europe, comme l’explique par e-mail Chris Jones de Statewatch, l’association qui a fait fuiter le document.

« Il y a plus ou moins une opération de ce genre tous les six mois, sous la direction du pays qui préside l’Union européenne.

Avant Mos Maiorum, il y avait eu Aerodromos, pilotée par la présidence grecque, et encore avant ça Perkunas, pilotée par la présidence lituanienne, etc. »

Ces opérations portent souvent un nom classique, grec ou romain, pour des raisons linguistiques (latin et grec étant la racine commune de beaucoup de langues de l’UE), mais aussi pour conférer grandeur et prestige quasi mythologique à ces opérations de police. Mais certains noms sont plus connotés que d’autres, notamment ceux qui charrient des implications guerrières ou morales.

C’était déjà le cas avec Mare Nostrum, l’opération humanitaire et militaire que mène l’Italie en Méditerranée depuis 2013. « Mare Nostrum » (notre mer) était le nom donné par les Romains à la Méditerranée, lorsqu’ils dominaient tout le bassin méditerranéen, de l’Espagne à l’Egypte. Le terme avait été repris au XIXe siècle par les nationalistes, puis par Mussolini dans sa rhétorique expansionniste.

Le code d’honneur de la Rome antique

Le dernier-né de cette lignée, Mos Maiorum, puise lui aussi dans l’imaginaire romain. Le terme signifie littéralement « les mœurs des Anciens », et désigne le code tacite qui définissait la morale de la Rome antique, ses comportements et ses pratiques, publiques comme privées.

Comme son nom l’indique, le Mos Maiorum place au-dessus de tout le respect des Anciens et de la tradition. Il s’oppose à la décadence et la barbarie des temps présents.

En voici les valeurs essentielles :

  • « Fides » : honnêteté, respect de la parole donnée, fidélité, foi, loyauté, confiance ;
  • « Pietas » : devoir, patriotisme, respect envers les dieux, le foyer, les ancêtres, la famille ;
  • « Religio » et « Cultus » : le respect et l’entretien des liens entre les dieux et les hommes, l’observation des rites religieux ;
  • « Disciplina » : discipline, valeur, honneur ;
  • « Gravitas » et « Constantia » : maîtrise de soi, persévérance ;
  • « Virtus » : qualité propre au citoyen romain, courage, activité politique ;
  • « Dignitas » et « Auctoritas » : règles de conduite du Romain traditionnel, respect de la tradition, sérieux, dignité, autorité.

Comme le note sur son site l’association de défense des migrants La Cimade :

« Les cinq fondements de ce concept sont d’un cynisme total au vu des objectifs d’une opération de police. »

« Choc des civilisations »

On peut objecter qu’il ne s’agit que d’un nom et que c’est chercher la petite bête que de se focaliser sur ce détail, dans le grand paysage que redessine Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières.

Mais ce nom n’est pas un acronyme, il n’est pas descriptif, il renvoie à un imaginaire bien précis, celui de la valeureuse Rome d’avant la décadence.

Il dit explicitement que la politique migratoire est une affaire morale, de défense des valeurs. Pour Mos maiorum, il faut défendre les « mœurs des Anciens », leur piété et leur haute moralité, face à la déferlante des barbares à nos portes. Il indique une mentalité de forteresse assiégée, qui lutte pour défendre la pureté de sa civilisation contre le chaos qui déferle.

Il redit clairement que, pour au moins une partie des pays de l’Union européenne, la politique migratoire est bien une histoire de « choc des civilisations ».

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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