Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.
La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales
Alors que les températures ont chuté en dessous de zéro, les violences policières contre les migrants se multiplient à Paris. Ils sont dépossédés de force de leurs couvertures et sacs de couchage, selon Médecins sans Frontières (MSF) et l’association P’tits déj à Flandres. Les duvets sont ensuite jetés à la benne, témoignent les volontaires du collectif parisien, privant les migrants de toute protection contre le froid glacial. En deux semaines, les équipes médicales de MSF ont pris en charge huit personnes migrantes au bord de l’hypothermie.
S’ajoutant à cela, dénoncent les associations, les policiers font usage de gaz lacrymogène, et empêchent même les migrants de s’assoir dans l’interminable file d’attente devant le centre d’accueil récemment ouvert par la Mairie de Paris, porte de la Chapelle.
De tels abus par la police seraient aussi inacceptables que dangereux. Ces allégations viennent s’ajouter à celles d’autres acteurs, dont Human Rights Watch, ayant mis en lumière des violences policières contre des migrants à Calais, y compris contre des enfants non accompagnés.
Les migrants font face à une situation critique depuis des mois dans la capitale, face à l’engorgement du système d’asile, au nombre insuffisant de places d’accueil et la détermination de la police à dissuader le moindre regroupement qui pourrait s’apparenter à un campement provisoire dans les rues de Paris. Le centre d’accueil temporaire pour migrants, d’une capacité de 400 places, a très vite été saturé et des dizaines de personnes en sont réduites à faire la queue, avant l’aube et par des températures glaciales, dans l’espoir de trouver un abri… que peu d’entre elles obtiendront.
Le Ministre français de l’Intérieur, Bruno Le Roux, a fermement récusé toute accusation de harcèlement policier, déplorant à la place « ce sport national de mise en cause des policiers ». Les autorités françaises n’ont pour autant pas montré leur intention d’investiguer ce qui serait des pratiques odieuses contre des personnes en situation de vulnérabilité extrême.
L’augmentation des capacités de traitement des dossiers d’admission dans le centre pour migrants annoncée par la Préfecture, et l’ouverture, la semaine prochaine, d’un nouveau lieu d’accueil dédié aux familles sont des avancées positives. Mais elles restent insuffisantes et ne sauraient dispenser les autorités françaises de leur devoir de mettre un terme à toute réponse inhumaine à la détresse des migrants.
06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !
« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)
Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?
Au moins 7.
Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.
Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.
Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.
C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.
Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.
A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.
Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.
La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.
Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.
On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.
Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !