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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Mediapart - La Cimade - 08/06/2017

Quelques mois après la signature en catimini d’un accord informel entre l’Union Européenne et l’Afghanistan facilitant le retour forcé des Afghans déboutés du droit d’asile, les expulsions commencent à se multiplier dans plusieurs pays européens.

C’est le cas de l’Allemagne, de la Norvège et désormais de la France où six personnes afghanes enfermées au centre de rétention du Mesnil-Amelot sont directement menacées à ce jour. La Cimade dénonce ces renvois forcés vers un pays où la situation sécuritaire est déplorable.

En amont d’une grande conférence de donateurs organisée à Bruxelles pour l’Afghanistan les 4 et 5 octobre derniers, l’Union européenne a annoncé en toute discrétion qu’elle avait signé un accord avec ce pays afin de faciliter le retour forcé de personnes afghanes déboutées du droit d’asile dans ses pays membres. Ce texte d’envergure internationale a échappé au processus démocratique n’ayant même pas été soumis à l’attention des parlementaires européens.  La même méthode avait été employée pour la déclaration commune « UE-Turquie » du 18 mars 2016 dont l’objectif était de stopper les arrivées en Grèce.

Ainsi, l’UE et ses États membres souhaitent établir une coopération durable avec l’Afghanistan afin d’organiser rapidement le renvoi de plusieurs dizaines de milliers de personnes afghanes en situation irrégulière. Plus de 80 000 seraient potentiellement concernées actuellement dont des personnes fragilisées telles que des mineurs isolés. Parmi les contreparties de cet accord, l’UE s’engage à construire un terminal à l’aéroport de Kaboul spécifiquement dédié aux expulsions.

Il est édifiant de voir que ce texte ne fait aucune mention de la situation politique et de l’instabilité chronique, notamment sécuritaire qui règne en Afghanistan actuellement et depuis des années. Les programmes de réintégration des personnes expulsées n’évoquent que les enjeux économiques pour consolider le marché du travail, comme si l’exil des nationaux afghans était purement économique. Ils constituent actuellement le troisième principal groupe de demandeurs d’asile dans l’Union européenne après les Syriens et les Irakiens. En France, ils obtiennent un taux de protection proche de 80 % en reconnaissance des violences généralisées qui ravagent une grande partie du pays. Les récents attentats de Kaboul viennent rappeler que l’Afghanistan est tout sauf un « pays sûr ».

Pourtant, suite à la signature de ce « dialogue commun », plusieurs pays européens en ont profité pour accélérer ou reprendre des renvois forcés de ressortissants afghans. Depuis décembre 2016, l’Allemagne a expulsé plus d’une centaine d’Afghans vers Kaboul, dont plusieurs vivaient depuis des années en Allemagne et y avaient leur famille, et ce, malgré de nombreuses mobilisations. Il aura fallu un attentat sanglant dans le quartier des ambassades la semaine dernière coûtant la vie à plus de 150 personnes, pour qu’elle annule temporairement les expulsions vers l’Afghanistan. La France, qui n’avait pas renvoyé de ressortissants afghans depuis des années a finalement commencé à en expulser en 2016.

Le 29 décembre 2016, une personne a d’abord subi 41 jours d’enfermement en centre de rétention à Metz puis au Mesnil-Amelot où elle avait été transférée la veille de son expulsion.  Une autre a été libérée par un juge in extremis, avant un vol pour la capitale afghane, tandis qu’une troisième personne y a été expulsée après avoir d’abord été remise aux autorités norvégiennes qui ont procédé au renvoi vers Kaboul.

Depuis début 2017, cette politique s’accélère. Le nombre d’Afghans enfermés en rétention s’élève à 80[1]. Dix-sept d’entre eux actuellement au centre de rétention du Mesnil-Amelot et six sont sur le point d’être renvoyées de force à Kaboul. Un premier vol est programmé pour ce vendredi 9 juin et les suivants s’échelonnent jusqu’au 24 juin.

Parallèlement, des renvois sont à nouveau exécutés via la Norvège dans le cadre des accords de Dublin. Ainsi, un homme hébergé au CAO de Marvejols a été réadmis au mois de mai vers ce pays européen qui l’a expulsé à Kaboul le 3 juin.

L’accélération des expulsions directes vers Kaboul ou via des pays européens est donc la conséquence de cet arrangement entre l’UE et l’Afghanistan. Il ne prévoit aucune garantie, même minimale, quant au respect des droits des personnes visées. Il instaure même la possibilité pour l’UE d’exécuter les renvois sur la base de laissez-passer européens, en se passant de l’accord des autorités afghanes quand ces dernières ne donnent pas suite à une demande de laissez-passer consulaire dans un délai de quatre semaines. Deux des 17 personnes enfermées au Mesnil-Amelot risquent d’être expulsées dans les tout prochains jours selon ce procédé.

Pour endiguer les migrants et réfugiés le plus en amont possible et augmenter le nombre des personnes expulsées, l’Union Européenne continue de marchander avec des pays dont la situation sécuritaire et politique est particulièrement préoccupante.
La Cimade dénonce vivement cette logique incompatible avec le respect des droits fondamentaux et demande à la France d’arrêter immédiatement tout renvoi forcé vers l’Afghanistan.

[1] Pour les seuls CRA de Bordeaux, Rennes, Toulouse et du Mesnil-Amelot, du 1er janvier au 31 mai 2017 ; la préfecture du Pas-de-Calais est à elle seule responsable de 50% de ces placements en rétention.

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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