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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

 

En visite, à La Chapelle, à Paris, Jacques Toubon pense qu’il « s’inscrit dans la ligne des politiques successives qui dysfonctionnent depuis 30 ans ».

« On commence par où ? » Le défenseur des droits, Jacques Toubon, jette un œil à droite à gauche, opère presque un tour complet sur lui-même. Il est 9 heures, porte de La Chapelle, à Paris, et les migrants affluent de tous côtés. La file d’attente pour un petit déjeuner chaud s’allonge, la file devant l’entrée du centre de transit est déjà bien longue. C’est comme cela tous les matins, dans le 18arrondissement de la capitale.

Ce vendredi, Jacques Toubon est venu mesurer lui-même ce qu’il se passe autour du point d’accueil mis en place en novembre 2016 par la mairie de Paris et empêché de fonctionner à plein régime par l’Etat, ce qui fait que l’endroit ne désemplit pas.

Le lieu est symbolique, fait-il observer, car « il permet de voir les deux facettes de la politique. D’une part, il y a, à l’intérieur du centre, des migrants qui sont bien pris en charge, preuve que l’on sait faire ; de l’autre, il y a tous ceux qui ne parviennent pas à y entrer et qui montrent que le plan annoncé par le gouvernement la semaine dernière est décevant. »

Pour M. Toubon, « il aurait fallu que le gouvernement propose la mise en place de cinq à dix centres de premier accueil un peu partout en France pour éviter aux migrants de dormir dehors, pour les nourrir et apporter une réponse à leurs problèmes de santé ».

« La migration, c’est une fuite, pas la quête d’un Eldorado »

C’est la première fois que le défenseur des droits s’exprime depuis l’annonce, le 12 juillet, du plan du gouvernement pour « garantir le droit d’asile » et « mieux maîtriser les flux migratoires », basé sur une politique sacrifiant l’accueil et augmentant la « dissuasion migratoire ».

En l’occurrence, l’ex-ministre de la justice (1995-1997) de Jacques Chirac rejette la crainte d’un appel d’air, qui a amené le gouvernement d’Edouard Philippe à prendre de telles mesures : « l’appel d’air, ça n’a aucun sens, la migration, c’est une fuite, pas la quête d’un Eldorado », balaie M. Toubon d’un revers de main.

Sur un plot en ciment, un groupe de Soudanais attend. Les traits tirés après des nuits sur le terre-plein central au milieu du boulevard des Maréchaux, l’un d’eux lève ses yeux fatigués. « Monsieur, pourquoi êtes-vous là ce matin ? », lui demande M. Toubon. De fil en aiguille, l’homme, qui attend de déposer sa demande d’asile, lui raconte le Darfour, la traversée de la Méditerranée et son désarroi, ici.

« Cet homme incarne ce qui ne fonctionne pas, résume M. Toubon. Chaque personne qui entre en France doit voir ses droits fondamentaux respectés. Ce sont des droits inconditionnels et c’est à l’Etat à y répondre. Or, une nouvelle fois, nous avons un gouvernement qui va proposer un nouveau texte de loi à la rentrée au Parlement. C’est la même chose depuis 1974, et ça ne résout rien. »

La crainte d’un été difficile

« Je pensais que le nouveau gouvernement allait faire un état des lieux et prendre des mesures pragmatiques, poursuit le défenseur des droits, sans lâcher des yeux l’homme qui lui fait face. Le plan du gouvernement est décevant, je le répète, car il ne prend aucune distance. Il s’inscrit dans la ligne des politiques successives qui dysfonctionnent depuis trente ans. Il suffit de regarder ce qu’il se passe à Calais, que j’ai dénoncé. Il suffit d’analyser ce qu’il se passe ici. »

Si M. Toubon craint que l’été soit difficile, il s’inquiète aussi pour le sort que le gouvernement Philippe réserve aux « dublinés ». La France considère qu’elle doit renvoyer en Italie, en Allemagne ou plus largement dans un autre pays d’Europe, les demandeurs d’asile qui y ont laissé leurs empreintes. Or, si ces renvois se multiplient, les retours en France sont exponentiels.

M. Toubon rappelle que ces « renvois au nom de Dublin ne sont pas obligatoires » : il existe « une clause dans le règlement de Dublin qui permet à la France de prendre leur demande d’asile en compte, comme il existe un article de notre Constitution qui permet aussi de le faire ».

Emmanuel Macron a, certes, déclaré, lors d’un Conseil européen à la fin du mois de juin, qu’il fallait « accueillir des réfugiés, car c’est notre tradition et notre honneur », mais en pratique « la volonté politique » reste aux abonnés absents, déplore M. Toubon, en regardant autour de lui les dizaines d’Afghans, Soudanais et Erythréens qui ne parviennent qu’après moult efforts et bien des nuits blanches à déposer une demande d’asile au pays des droits de l’homme.

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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