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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : SOS Méditerranée - Mathilde Auvillain - 22/08/2017

Cet été, un bébé est né en pleine Méditerranée. Christ. Sa maman, Constance, a accouché seule, face à une centaine d’hommes, sur un bateau en bois, perdu en pleine mer Méditerranée. Moins d’une heure après avoir donné la vie, Constance a grimpé seule l’échelle en fer de l’Aquarius, son bébé dans les bras, encore lié à elle par le cordon ombilical. L’enfant et sa mère, sains et saufs, ont été accueillis à bord sous les applaudissements et pris en charge par l’équipe médicale. Après le débarquement Constance et Christ ont placés chez des religieuses, dans un couvent à Brindisi, dans les Pouilles, tout au sud de l’Italie.

Cette histoire miraculeuse, celle d’un bébé nommé Christ, né en pleine mer sur un canot en bois, recueilli dans un couvent, avait tout pour faire la une des journaux. La réalité dépassait la fiction. Cette histoire vraie se suffisait à elle seule pour décrire le drame humain, absurde et inacceptable, qui se déroule aux frontières de l’Europe.

C’était le 13 juillet 2017.

A Rome, ce jour là, aurait dû se tenir une rencontre organisée par les Gardes Côtes italiens et tous les acteurs impliqués dans des opérations de sauvetage en Méditerranée au large de la Libye, dont les ONG : la rencontre UNA-VIS qui avait déjà eu lieu l’an dernier. Or, cette rencontre consultative venait d’être annulée au dernier moment, tandis que dans la presse italienne circulait déjà une version du « Code de Conduite » élaboré par le ministère de l’Intérieur Italien sur mandat donné quelques jours plus tôt, à Paris puis Tallinn, par ses homologues européens. Et déjà, les journalistes décryptaient et commentaient un «Code de Conduite pour les ONG» dont, ironie de l’histoire, les ONG elles-mêmes n’avaient pas encore eu connaissance officiellement.

L’odyssée miraculeuse de Christ est passée totalement inaperçue. Invisible, oubliée.

En cet été 2017, la narration de la crise humanitaire en Méditerranée s’est brusquement inversée en Italie. Plus le temps était favorable au large avec une mer calme et une légère brise, plus la tempête s’abattait à terre sur les humanitaires, par violentes bourrasques.

Les ONG se sont vues soudain sommées de signer un « Code de Conduite » dont plusieurs points exigeaient pourtant des clarifications: empêchées d’appréhender avec le sang-froid et la concentration habituelles et nécessaires des sauvetages toujours plus dramatiques et toujours plus complexes en mer et enfin, inquiétées pour leur propre sécurité dans les eaux internationales par des hommes armés s’identifiant comme des Gardes Côtes libyens et par un navire privé affrété par des activistes européens.

Le 1er août, l’Aquarius a été appelé en renfort par le centre de coordination des secours (MRCC Rome) pour intervenir sur le théâtre d’opérations de sauvetage de quatre bateaux pneumatiques. Huit corps sans vie ont été retrouvés au fond de l’un des canots, dont celui de la maman d’une petite fille de deux ans, Sarah, qui elle, avait survécu.

Le visage de Sarah, gonflé par une brûlure, son regard hébété perdu dans le vide, resteront imprimés dans la mémoire des sauveteurs de SOS MEDITERRANEE, qui ont hissé le corps de sa maman à bord de l’Aquarius, l’ont placé sur le pont avant, et l’ont aligné à côté des sept autres victimes de cette traversée. Cette nuit là, l’équipage du bateau a eu du mal à fermer l’œil. Comment trouver le sommeil dans un cimetière flottant en mer? 

Pas une ligne, pas une photo de ce transbordement macabre dans les journaux le lendemain matin. Pas une minute de silence en respect pour les victimes, leurs familles et ceux qui ont tout fait pour essayer de sauver ces vies. Non, les polémiques et débats autour des ONG « signataires » et « non signataires » du Code de conduite, autour des ONG désormais suspectées voire « coupables » d’être intervenues pour sauver des vies, battaient toujours leur plein…

En toute indifférence pour le destin de Christ et de Sarah. Et pour celui de leurs mères, et de la mer, Méditerranée, qui en cet été 2017, a donné et repris la vie, sans que vous ne le sachiez.

Texte : Mathilde Auvillain

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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