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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Mediapart - Mohamed Nour Wana

Mohamed Nour Wana est poète. Depuis Golup, il a traversé le désert, vécu la guerre en Libye, et le racisme, franchi la Méditerranée… avant de découvrir les camps de rue à Paris en 2016. Il écrit actuellement un livre qui racontera son histoire, depuis l’enfance jusqu’à son arrivée ici, pour inviter le lecteur à se glisser dans sa peau et vivre un peu le passage qui a été le sien comme celui de tant d’autres : « Il y a des gens qui se battent juste parce qu’ils veulent rester en vie. Même s’ils n’ont rien, ils veulent juste quand même vivre et puis voir ce que la vie peut leur apporter. »

 

 

ADIEU MAMAN

Pardonne-moi maman.

Pardonne-moi d’être parti sans te prévenir.
Pardonne-moi de t’avoir embarrassé.
Pardonne-moi d’avoir été trop subtil et d’être parti comme un voleur, car je fuyais la terreur et c’est l’erreur qui m’a surpris.
Aujourd’hui assise sur une natte, au fond de la cour, sur le sable
Où je jouais, larmes aux yeux je sais que tu penses à moi qui suis ton fils unique, maman.
Tu diras à nos voisines « Mon fils est parti loin d’ici, loin de toutes ces hostilités. »
Il aura la vie sauve.
Il aura un avenir meilleur.
Et me reviendra avec un grand sourire.
Ce sera le sourire de la victoire.
Ce sera le sourire de la liberté.

Mais non maman, ce serait une erreur de ta part, car à présent 
Je ne suis qu’un fantôme qui vit dans l’eau.
Oui j’ai péri maman.
J’ai péri au plus profond de nulle part et mon cœur s’est éteint 
Dans l’immense bleu.
Mon corps n’est plus rien qu’un simple appât, qui dans l’eau nourrira ses poissons.
Adieu maman.
Adieu mes rêves.
Moi qui croyais revoir un jour ton sourire, réentendre ta voix 
Qui m’appelait toujours dans la cuisine.
Mais hélas maman, la mer m’a surpris.
Non, je ne saurais nager, car je n’ai connu que le désert.
Aujourd’hui j’ai péri comme autant d’autres que moi.
Adieu maman.
Adieu mes rêves.
Je ne connaîtrai pas de victoire.
Je ne connaîtrai pas de liberté.
Je ne reviendrai plus jamais.
Et tu ne t’en rendras compte qu’avec les tant d’années qui couleront.
Tu diras à nos voisines « Mon fils est parti depuis très longtemps, 
je n’ai plus de ses nouvelles ».
Ton cœur te dira, mon fils a peut-être péri.
Cette fois-ci tu auras raison maman.
Ah oui maman, ton fils n’a pas su comment nager et a péri comme tant d’autres que lui.
Tu le sauras dans longtemps mais tu ne l’avoueras à personne.
Tu pleureras toutes tes nuits.
Tu pleureras tous tes jours.
Tu croiras enfin ton cœur, qui avait toujours raison.
Et ta vie ne sera que tristesse.
Tu mourras de détresse.
Adieu ma pauvre maman.
Moi qui n’ai pas eu le temps de comprendre que le destin, ce n’est pas l’homme qui le choisit, mais plutôt la vie qui le lui offre.
Car ma liberté m’a coûté plus cher que ma vie.
Je n’ai rien eu d’autre à donner que mon âme.
Adieu maman, adieu mes rêves, adieu ma pauvre vie.

Mohamed Nour Wana

 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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