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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Monde - Maryline Baumard - 16/2/2018

Une audience houleuse au Conseil d’Etat n’a pas permis d’y voir plus clair sur l’hébergement d’urgence. Juste de comprendre que l’Etat amendait sa copie.

Ce n’est pas tous les jours qu’il y a match au Conseil d’Etat ! Vendredi 16 février, pourtant, durant trois heures, le contentieux qui oppose l’Etat à vingt-huit associations à propos de la circulaire Collomb du 12 décembre s’est transformé en une joute oratoire sous les dorures de la plus haute juridiction administrative. Les lustres n’ont pas tremblé et les tentures murales ont absorbé les éclats de voix durant ce match en double. Le juge des référés, Bernard Stirn, a, lui-même, rapidement jeté l’éponge, se transformant d’arbitre en spectateur qui compte les points et enregistre les balles de set.

A sa droite, le duo Spinosi-Sureau, deux avocats de haute volée représentant les vingt-huit associations requérantes, a réussi à déstabiliser les deux représentants de l’Etat. C’est Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, qui était venu défendre ce texte au côté de la juriste du ministère de l’intérieur, Pascale Léglise.

Une lourde tâche que la défense de cette circulaire censée autoriser les agents de l’Etat à entrer dans des centres d’hébergement d’urgence pour y contrôler la situation administrative des personnes hébergées. Rebaptisées « circulaire Collomb », les quelques pages peu précises, donc très inquiétantes, ont suscité un profond malaise dans le monde associatif, et au-delà, depuis leur publication, le 12 décembre 2017. Le Défenseur des droits, qui était représenté à l’audience, a même demandé au gouvernement le retrait du texte à l’heure où les associations attaquaient sa légalité.

Confusion

Ce texte veut en effet réorienter les personnes hébergées selon leur situation administrative. Ce que l’Etat traduit par une avancée pour certains publics qui seraient oubliés dans les hôtels sociaux, et que les associations flairent très dangereux pour beaucoup d’autres. En effet, les associations estiment à l’unisson qu’il s’agit de faire sortir de ce dispositif les personnes étrangères en situation irrégulière à l’issue d’une évaluation effectuée par une équipe mobile de représentants de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et de la préfecture, pour les renvoyer. Or, « la nouveauté est d’aller chercher les sans-papiers en centre d’hébergement pour les assigner à résidence ou en centres de rétention administrative », a résumé la représentante du Défenseur des droits.

Les associations considèrent que ce texte est une « remise en cause des missions d’aide sociale », comme l’a affirmé le directeur de la Fédération des acteurs de solidarité (FAS), Florent Gueguen, présent lui aussi à l’audience au côté de Me Spinosi et de Me Sureau. Le gouvernement, lui, a plaidé qu’il s’agissait d’un moyen d’informer les personnes de leurs droits. Et, comme a ironisé Me Sureau, « c’est un peu comme si l’Etat devait voler au secours des migrants pris en otage par les associations »… Le débat, qui aurait dû permettre de savoir s’il y avait urgence à délibérer en référé de ce texte et si les agents de l’OFII étaient autorisés à pénétrer dans ces lieux, que les associations ont présentés comme des espaces privés, a abouti à une certaine confusion ou n’a en tout cas pas permis de comprendre si les parties communes d’un foyer d’hébergement pouvaient être considérées comme un lieu privé ou si ce côté privatif s’arrêtait aux chambres.

Difficile en définitive de savoir si les gestionnaires des centres peuvent refuser ou non la venue d’équipes mobiles. Difficile de comprendre comment le fait de déplacer des étrangers allait « créer les places manquantes pour l’hébergement », mais l’audience du jour a eu d’autres vertus.

« Les paris étaient truqués »

Pourtant, les trois heures de débat à bâton rompu ont été révélatrices. Elles ont montré que l’Etat n’avait toujours pas digéré d’avoir été condamné par le même Conseil d’Etat en juillet 2017 à assurer un minimum de dignité aux migrants de Calais. Mme Léglise l’a à plusieurs reprises rappelé aux juges comme aux associations.

Et, finalement, quelle que soit la décision du juge, cette circulaire ressort affaiblie de l’audience et de tout cet épisode de contestation. Les représentants de l’Etat ont rappelé ce vendredi que des consignes avaient été données aux préfets. « Si certains préfets ont pu croire qu’il fallait demander des listes, ils ont été rappelés à l’ordre », a déclaré la juriste de la Place Beauvau, ajoutant que cela avait été fait lors d’une visioconférence entre le ministre et les préfets.

Et puis, un nouveau texte — que Mme Léglise a brandi à l’audience en refusant de le verser au dossier — est en cours d’écriture. Il viendra éclairer le texte du 12 décembre, que le gouvernement ne veut pas retirer pour ne pas perdre la face, mais qui a été très contre-productif depuis la mi-décembre… Ce qui a fait dire à un observateur que « l’après-midi au Conseil d’Etat a été agréable », mais que « les paris étaient truqués et l’issue du match décidée avant le début ».

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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