Source : Actu Toulouse - Hugues-Olivier Dumez - 14/8/2018
Un enfant âgé de seulement un an a passé la nuit du 10 août 2018 enfermé dans le centre de rétention de Cornebarrieu, à Toulouse. La pratique serait récurrente.
« Un centre de rétention, ce n’est pas un hôtel », s’emporte Alain Cwiklinski, membre de l’association du Cercle des voisins de Cornebarrieu, à Toulouse. « Un bébé d’un an a passé la nuit du 10 août au centre de rétention administrative avant d’être renvoyé par avion le lendemain, avec sa famille, en Europe de l’Est ».
Une situation indigne
La famille était en situation irrégulière. Le préfet de Lozère avait pris une mesure d’éloignement.
Alain Cwiklinski juge cet enfermement indigne. « La France a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme », rappelle-t-il. « Ils sont privés de liberté, enfermés derrière un grillage… »
⚠️Hier soir, un bébé de 1 an a été enfermé au centre de #rétention de #Toulouse par @Prefet_48 qui semble ingorer que la France a été condamnée 6 fois par la Cour européenne des droits de l’homme pour traitements inhumains et dégradants https://t.co/UIdJXZsZoe
— Maryse Boulard (@marydelaluna) 10 août 2018
Selon l’association, l’enfermement d’enfants (parfois en très bas âge) serait désormais une pratique récurrente.
41 placements en 2013, 305 placements en 2017
Depuis 2013, le nombre de placements en rétention administrative de familles avec des enfants augmente sans discontinuer : 41 enfants ont été placés en centre de rétention en 2013, 45 en 2014, 106 en 2015, 172 en 2016 et 305 en 2017. Cette augmentation s’est notablement accélérée à compter de l’année 2015.
Pour les seuls quatre premiers mois de l’année 2018, ce sont 77 enfants qui ont été enfermés : 38 au CRA de Metz ; 37 au CRA du Mesnil-Amelot et 2 au CRA de Toulouse-Cornebarrieu.
Dans un avis du 9 mai 2018 relatif à l’enfermement des enfants en centres de rétention administrative, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) considère que l’enfermement d’enfants en centre de rétention est « contraire à leurs droits fondamentaux » :
Pourtant, depuis 2015 cet enfermement est en constante augmentation et la loi de 2016, au motif d’en encadrer la pratique, ne fait que le renforcer.
Rien dans la nouvelle loi
Le CGLPL constate que Projet de loi pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie, adopté par le Parlement, n’évoque nullement l’enfermement des enfants :
Le CGLPL recommande que l’enfermement d’enfants soit interdit, seule la mesure d’assignation à résidence pouvant être mise en œuvre à l’égard des familles accompagnées d’enfants.