Au fil des ans, les installations de fortune en périphérie se sont accentuées, notamment au nord de la capitale. Quelque 2 200 personnes vivraient dans ces campements.
Plus de 2 200 personnes migrantes se trouvaient à la rue, début janvier, disséminées dans plusieurs campements au nord de Paris et sur la commune de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à proximité de l’échangeur autoroutier. Cette installation en périphérie de la capitale s’est accentuée au fil des ans.
La préfecture a commencé, mardi 22 janvier, une série d’opérations de « mises à l’abri » et a annoncé que 1 200 places d’urgence seraient dégagées jusqu’à la fin de l’hiver, notamment dans des gymnases. « Cela veut dire qu’une personne sur deux va rester dehors, souligne Louis Barda, de Médecins du monde. L’inacceptable se banalise. »
Dès le début des années 2000, les migrants afghans ont fait du Nord-Est parisien un lieu de ralliement, en particulier autour du square Villemin (10e arrondissement). A l’été 2014, au moment de la « crise migratoire », les premiers campements ont également vu le jour dans cette zone, en particulier à l’abri du métro aérien, autour des stations La Chapelle, Stalingrad et Jaurès, entre les 10e, 18e et le 19e arrondissements.

Courant 2015 et 2016, les opérations d’évacuation ont progressivement poussé plus au nord les migrants. En novembre 2016, ce mouvement s’est accentué, sous l’effet du démantèlement du campement de Stalingrad, où plus de 3 800 personnes étaient dénombrées. A cette époque, des grilles et des équipements publics sont installés pour empêcher la reconstitution de camps.
Surtout, la Mairie de Paris ouvre un centre de premier accueil (CPA) de 400 places porte de La Chapelle (18e). « Ça a créé un point de fixation énorme, se souvient Maël (il souhaite conserver l’anonymat), de l’association Utopia 56. Les gens se sont installés autour dans l’espoir de pouvoir y entrer. » Des campements se constituent à proximité de l’échangeur autoroutier et notamment à l’entrée de la ville de Saint-Denis.

Résorption de courte durée
En dépit de la fermeture du CPA début 2018, la zone a continué d’être un lieu d’attractivité. « Le phénomène est renforcé par les lieux de distribution alimentaire, les communautés implantées et le foncier disponible, les terrains vagues », explique la préfecture d’Ile-de-France.

En mai 2018, plus de 1 000 personnes sont évacuées du campement dit « du Millénaire », près de la porte d’Aubervilliers. Suivent deux évacuations de moindre ampleur, le long du canal Saint-Martin et porte des Poissonniers. A la même époque, la Plate-forme d’accueil des demandeurs d’asile de Paris, qui était un point de fixation boulevard de la Villette (10e), est transférée boulevard Ney (18e arrondissement), dans les locaux de la Préfecture de police.

Mais la résorption des camps est de courte durée. « Depuis septembre, des gens sont revenus porte d’Aubervilliers, porte de La Chapelle, à Saint-Denis et près de la porte de la Villette », relate Maël. Le faible rythme des opérations d’évacuation et de mises à l’abri ne permet pas d’endiguer le phénomène. « On manque de places d’hébergement », justifie la préfecture de région. « Le vrai sujet, c’est que le dispositif de premier accueil n’est toujours pas organisé », regrette Pierre Henry, de France Terre d’asile.
