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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Monde - Luc Leroux - 19/1/2019

Le collectif Mineurs isolés 13 a investi un couvent dans lequel il héberge des mineurs non accompagnés et une quarantaine de familles avec enfants en demande d’asile.

Noëlle accueille deux mineurs africains, visiblement effarouchés. Ils ont passé la nuit précédente dehors, à la gare Saint-Charles de Marseille. Un petit sac à dos pour tout bagage. L’un d’eux, 16 ans, arrive du Mali en passant par l’Espagne. La jeune femme leur explique les règles de vie du squat : la fermeture de la porte à 21 heures, le calendrier des activités peint sur un mur, la cuisine collective. Devant l’infirmerie : « Si tu as mal à la tête, besoin de parler… tu peux aller là. »

Au 59, avenue de Saint-Just, avec 70 mineurs non accompagnés et une quarantaine de familles avec enfants en demande d’asile, l’espace est saturé mais les jeunes étrangers de moins de 18 ans qui se présentent sont toujours accueillis. « Il n’y a ici que des gens qui ont droit à une prise en charge ou un hébergement d’urgence et ne l’obtiennent pas », explique Anne Gautier, du collectif Mineurs isolés 13 (MIE13), qui tient l’endroit avec une vingtaine de « solidaires ».

Ce squat n’est pas tout à fait comme les autres. Après avoir occupé l’église du Vieux-Port il y a plus d’un an, le collectif a de nouveau jeté son dévolu sur un bâtiment appartenant au diocèse. Un ancien couvent, qui était inoccupé. Le diocèse a porté plainte contre cette occupation illégale, débutée en décembre.

Mais, en même temps, devoir d’accueil oblige, l’archevêque de Marseille, Mgr Georges Pontier, a aussitôt repris les contrats d’électricité et de gaz pour chauffer les lieux. « Juste avant Noël, on n’allait pas remettre des enfants à la rue », explique Anne Giraud, membre laïc du conseil épiscopal qui tous les matins va à la rencontre des « habitants du 59 » et des solidaires qui l’animent.

« On ne mettra personne dehors »

L’acte de vente de ce bâtiment à un institut de formation d’éducateurs devait être signé début janvier. Mais le diocèse est coincé : « On ne mettra personne dehors même si on aimerait qu’ils s’en aillent dans de bonnes conditions, avec un logement. Pas question qu’ils retournent dans la rue. » L’archevêque appelle le conseil départemental et l’Etat à assumer leurs obligations, l’un de prise en charge des mineurs étrangers, l’autre à fournir un hébergement d’urgence aux familles en demande d’asile.

Ironie de la situation – ou talent des membres du collectif pour interpeller les pouvoirs publics –, le conseil départemental se trouve de l’autre côté de la rue. Aux fenêtres du couvent, une banderole est accrochée : « Mineur.e.s isolé.e.s, Martine Vassal hors-la-loi. » De son bureau, la présidente (LR) des Bouches-du-Rhône peut la voir à tout instant. « Ils veulent qu’on la décroche », dit Anne Gautier.

A l’intérieur du bâtiment du diocèse qui sert de squat, à Marseille, le 10 janvier.
A l’intérieur du bâtiment du diocèse qui sert de squat, à Marseille, le 10 janvier. CHRISTOPHE SIMON / AFP

 

Le tribunal administratif de Marseille a prononcé, en 2018, 186 ordonnances de référé enjoignant au département de prendre en charge, dans un délai très bref et sous astreinte, un mineur bénéficiant d’une ordonnance de placement provisoire signée par un juge des enfants. En hébergeant actuellement 830 étrangers, « nous assumons nos responsabilités », assure Brigitte Devesa, conseillère départementale. L’élue renvoie à « l’Etat qui doit prendre à bras-le-corps ce flux migratoire ».

De l’autre côté de la rue, le flux migratoire a le visage d’un jeune Malien tout juste arrivé au squat, qui confie son souhait : « J’aimerais bien étudier, apprendre un métier, n’importe lequel, il n’y a pas de sot métier. J’aimerais devenir quelqu’un de bien, un jour. »

Luc Leroux (Marseille, correspondant)

 

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