Source : La Montagne - Julien Rapegno - 28/6/2019
Une cinquantaine de parents, enseignants, élus et sympathisants du Réseau éducation sans frontière (RESF) de la Creuse se sont réunis vendredi 28 juin, de bon matin, à l'entrée de l'hôtel Première Classe de Guéret. Objectif : s'interposer en cas de reconduite à la frontière d'une famille géorgienne.
Les téléphones ont crépité jeudi 27 juin, tard dans la soirée, dans la chaîne des contacts creusois du réseau éducation sans frontières ( RESF 23) : « Demain matin à 6 heures, un contact de classe de notre fils devrait être expulsé avec sa famille dont un nouveau né, direction la Géorgie. Appel à mobilisation à 6 heures devant l'hôtel Première Classe à Guéret, où ils résident ».
L'information a suffisamment circulé pour qu'une cinquantaine de personnes s'y retrouvent. Parmi les manifestants : des parents, beaucoup d'enseignants, des travailleurs sociaux, ainsi que plusieurs élus de Guéret : Danièle Vinzant, Cécile Lemaigre, Eric Correia , président de l'Agglo et Nady Boualy.
L'expulsion d'un jeune Soudanais a provoqué beaucoup d'émotion en Creuse en septembre 2018
Cette mobilisation a consisté en une occupation du parking de l'hôtel de 6 heures à 8 heures, sans contact avec les forces de l'ordre, ni d'ailleurs avec la famille placée sous le coup d'une Obligation de quitter le territoire français (OQTF).
L'expulsion de cette famille arrivée de Géorgie il y a un peu moins d'un an étant imminente, RESF23 avait déjà manifesté ce jeudi soir devant la préfecture : « En plus de cette famille géorgienne, nous tentons d'empêcher l'expulsion de deux jeunes Guinéens, dont une jeune femme victime d'exploitation sexuelle », explique Cathy Jean, porte-parole de RESF en Creuse, sans détailler la situation du couple géorgien : « l'homme est menacé en Géorgie».
RESF 23 manifeste régulièrement devant la préfecture de la Creuse
Les trois enfants de cette famille ont huit mois, 6 ans et 8 ans. Les deux aînés sont scolarisés à l'école Jacques-Prévert de Guéret : « Comment réagir face à un papa qui vient un matin à l'école pour demander de l'aide, en se mettant à pleurer devant ses enfants ? Comment expliquer aux autres enfants de l'école les chaises vides ? », s'émeuvent les militants de RESF23.
Une famille volatilisée
Vendredi matin, ces derniers ne sont pas allés au contact de cette famille à l'hôtel. « Nous ne voulons pas nous exposer à des poursuites pour délit de solidarité (1) », justifie Cathy Jean. Les policiers ne sont pas manifestés entre 6 heures et 8 heures, créneau légal d'intervention pour ces reconduites à la frontière.
Parmi les soutiens à la famille géorgienne présents devant l'hôtel, on se rassurait en se disant que les parents et leurs trois enfants avaient choisi de se soustraire à cette obligation de quitter le territoire. Spontanément ou avec de l'aide, ils se seraient volatilisés durant la nuit.
Julien Rapegno
(1) Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d’un étranger en France » encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.