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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Monde avec AFP - 2/3/2020

Les cinq îles grecques de la mer Egée enregistrent une nette augmentation de demandeurs d’asile depuis la décision de la Turquie d’ouvrir les portes de l’Europe aux migrants.

 

Un petit garçon est mort, lundi 2 mars, au large de l’île grecque de Lesbos lors du naufrage d’une embarcation de fortune chargée d’une cinquantaine de migrants, selon une porte-parole de la police portuaire.

Les garde-côtes grecs sont intervenus auprès d’un canot qui s’est renversé vers 8 h 30 (7 h 30, heure de Paris) au large de l’île de la mer Egée. « Quarante-six personnes sont saines et sauves », mais un enfant a été repêché « inconscient » et n’a pas pu être ranimé, tandis qu’un deuxième enfant a été hospitalisé, a annoncé cette responsable.

L’embarcation était en provenance des côtes turques voisines. Elle a été « renversée par les personnes à bord après son entrée dans les eaux grecques, une habitude des passeurs pour déclencher une opération de sauvetage », a rapporté un communiqué des garde-côtes.

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Les chiffres turcs largement surévalués

Environ 1 300 demandeurs d’asile sont arrivés entre dimanche matin et lundi matin sur les cinq îles grecques de la mer Egée proches de la Turquie (Lesbos, Chios, Leros, Cos et Samos) où se trouvent les centres d’accueil et d’enregistrement des demandeurs d’asile – une nette augmentation depuis la décision d’Ankara d’ouvrir ses portes aux migrants, a précisé Manos Logothetis, secrétaire du service d’asile grec, à l’Agence France-Presse (AFP) :

« L’augmentation du nombre d’arrivées est importante, on est passé de 200 à 300 en moyenne la semaine dernière à 500-800 ces derniers jours. »

A la suite de l’escalade des tensions dans le nord-ouest de la Syrie, la Turquie a décidé vendredi de laisser le flux migratoire se diriger vers les frontières extérieures de l’Europe, soit les frontières gréco-turques et gréco-bulgares. Faisant ainsi pression sur l’Union européenne (UE) et les membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) afin d’obtenir leur soutien dans ses opérations militaires en Syrie.

Lundi, Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a sommé l’Europe de « prendre sa part du fardeau » dans l’accueil de migrants, lors d’un discours à Ankara :

« Après que nous avons ouvert les portes, les coups de téléphone se sont multipliés, ils nous disent : “Fermez les portes.” Je leur ai dit : “C’est fait, c’est fini. Les portes sont désormais ouvertes. Maintenant, vous allez prendre votre part du fardeau.” »

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Il a également affirmé que depuis vendredi, des « centaines de milliers de migrants » se sont dirigés vers l’Europe. « Bientôt, ce nombre s’exprimera en millions », a-t-il averti. Ces chiffres semblent largement surévalués par rapport à la réalité observée sur le terrain. Samedi soir, l’Organisation des Nations unies avait compté 13 000 personnes à la frontière gréco-turque.

Dans la soirée, il a accusé les autorités grecques d’avoir tué deux migrants qui tentaient de franchir la frontière entre la Turquie et la Grèce et d’en avoir blessé un autre, affirmations démenties par Athènes. Il a aussi affirmé lundi avoir rejeté une aide européenne supplémentaire d’un milliard d’euros pour l’accueil des migrants en Turquie.

« Intervention rapide » de Frontex

Face à cette situation, l’agence européenne de contrôle des frontières a accepté, lundi, de lancer une opération rapide de soutien à la Grèce. Frontex, qui a déjà annoncé avoir déployé des renforts et relevé son niveau d’alerte dans cette zone, va ainsi demander la contribution immédiate en agents et équipements à l’ensemble des pays de l’UE et des pays associés à Schengen, selon un communiqué publié à Varsovie, où se trouve son siège.

« Compte tenu de l’évolution rapide de la situation aux frontières entre la Grèce et la Turquie, j’ai accepté de lancer une intervention rapide aux frontières, demandée par la Grèce », a déclaré le directeur exécutif de Frontex, Fabrice Leggeri, cité dans le communiqué.

L’agence européenne et la Grèce travaillent déjà sur un plan opérationnel de l’intervention à venir.

En vertu des accords en vigueur, ce genre d’intervention s’appuie sur des pools de réaction rapide composés de 1 500 agents et autres personnels que les pays signataires doivent mettre à la disposition de Frontex dans les cinq jours suivant le lancement de l’appel à la contribution. Les équipements doivent suivre dans un délai de dix jours, selon le communiqué.

« Inacceptable »

Pour montrer leur solidarité, les dirigeants des institutions européennes doivent par ailleurs se rendre mardi dans la zone frontalière côté grec, a annoncé lundi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

« Le défi que doit relever la Grèce est un défi européen », a déclaré au cours d’une conférence de presse Mme Von der Leyen. « La Grèce a notre entier soutien », a-t-elle ajouté.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a fait savoir qu’elle attendait que l’accord migratoire de 2016, aux termes duquel Ankara s’engageait notamment à lutter contre les traversées illégales vers la Grèce en échange d’une aide financière, soit « respecté ». « Il est inacceptable que le président Erdogan et son gouvernement expriment leur mécontentement non auprès de nous, en tant qu’Union européenne, mais sur le dos des réfugiés », a taclé la dirigeante, alors qu’Ankara s’efforce d’obtenir un appui occidental en Syrie.

« Personne ne peut faire chanter ou intimider l’Union européenne », a déclaré de son côté, lundi, le commissaire aux migrations européen. « A chaque fois que l’UE est soumise à un test comme c’est le cas actuellement, l’unité doit prévaloir », a également estimé le commissaire Margaritis Schinas, lors d’une visite à Berlin.

La Turquie accueille sur son sol plus de quatre millions de réfugiés et migrants, en majorité des Syriens.

Le Monde avec AFP

 

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