Source : Utopia56 - 27/5/2020
Cette nuit, plusieurs familles et femmes seules exilées ont passé la nuit au bord du bassin de la Villette. Ces familles sont pour la plupart accompagnées par notre association depuis plusieurs semaines, voire mois. Elles appellent le 115 (Samu Social) quotidiennement sans qu’aucune solution ne soit proposée.
Mise à jour 28 mai : un démantèlement du campement accompagné d’une mise a l’abri de ses habitant.e.s a eu lieu ce jeudi matin. Encore une fois, cette opération a donné lieu à une démonstration d’hypocrisie de la part des pouvoirs publics et associations gestionnaires. Alors que nous alertons toutes les autorités compétentes sur la situation de la plupart de ces familles depuis 2 mois, il aura suffit de 30 heures de visibilité à ces familles pour bénéficier d’une mise à l’abri. Mais cela n’a pas empêché les officiels de la Mairie de Paris, de la préfecture de région d’Ile de France (Prif) et de France Terre d’asile de s’auto congratuler pour leur «opération conjointe»
Chaque jour, nous alertons la Mairie sur leurs situations mais rien ne se passe. Malgré les promesses de trêve hivernale prolongée et d’ouvertures de places, nous avons vu continuer les remises à la rue de familles prises en charge par le 115 et le nombre de personnes à la rue augmenter.
Durant cette période, les seules solutions d’hébergement auxquelles ont eu accès les familles que nous accompagnons étaient le fruit d’initiatives solidaires et citoyenne. Locaux d’entreprises vacants ou salles paroissiales mises à disposition ont permis à certain.e.s de bénéficier de nuits à l’abri.
Les effets de cette politique de non-accueil sont malheureusement habituels mais se sont amplifiés durant cette période particulière.
En effet, durant cette crise sanitaire sans précédent, l’écart abyssal entre les discours de solidarité portés par les pouvoirs publics et leur absence d’actions envers les plus démuni.e.s n’aura échappé à personne.
Ce confinement a mis en exergue la fracture sociétale en France. Alors que certain.e.s ont pu rester confiné.e.s, les plus précaires se sont retrouvé.e.s en première ligne. Ce sont les soignant.e.s, travailleurs.euses sociaux.ales, livreurs.euses, travailleurs.euses immigré.e.s et bien d’autres qui ont été impacté.e.s de plein fouet.
Il va sans dire que les exilé.e.s abandonné.e.s à la rue ont également été durement touché.e.s. Démarches administratives bloquées, distributions alimentaires interrompues, ils.elles se sont retrouvé.e.s dans une véritable impasse. Les destructions de tentes et matériels ont augmentées au fur et à mesure que les rues se vidaient de potentiel.elles témoins.
En plus de ces atteintes répétés à leur dignité, les exilé.e.s ont été repoussé.e.s toujours plus en périphérie de Paris, et dans des endroits toujours plus inaccessibles et dangereux dans une volonté politique délibérée d’invisibiliser leur situation.
Ces choix ont eu des conséquences directes désastreuses, comme en témoignent les malheureusement trop nombreux décès par noyade survenus aux alentours des campements ces dernières semaines.
Face à cet état de fait, nous n’avons, avec les familles que nous accompagnons, pas eu d’autres choix que de revenir s’installer dans Paris, via ce campement, pour exiger des hébergements pérennes pour tous.tes.
Face à l’absence d’actions des pouvoirs publics, nous devons contribuer à porter la voix de celles et ceux qui, plus que jamais, ont été laissé.e.s pour compte.