Hier, quinze élus du conseil régional recevaient seize élèves sans papiers des lycées de la région. À l'appel, il manquait Kéziban, arrêtée le matin pour être conduite au centre de rétention de Cornebarrieu.
Pourquoi ? La question était sur toutes les lèvres hier, après l'interpellation et la conduite au centre de rétention d'une jeune turque, Kéziban. La jeune femme de 21 ans allait recevoir le jour même le « parrainage » de Nicole Belloubet, élue à la région et de Christiane Tolsan, du comité de soutien aux sans papiers de Cugnaux. L'Hôtel de région de Midi-Pyrénées accueillait en soirée une cérémonie symbolique de soutien à seize élèves sans papiers des lycées de la région, tous sélectionnés pour leur situation « particulièrement compliquée » selon une militante de la Ligue des droits de l'homme. Mais c'est l'absence de la jeune Kéziban qui a marqué les esprits. « Les lois de la République doivent être respectées mais cela n'efface pas l'indignation. La France a une autre image d'elle à donner à l'étranger » a expliqué le président, Martin Malvy. Parallèlement deux jeunes ne sont pas venus à la cérémonie. L''un n'a pas été autorisé à quitter son « foyer », l'autre, « pour des raisons encore inconnues », selon la LDH. Plusieurs membres de la Ligue laissaient entendre hier soir leur crainte d'une volonté politique de « décrédibiliser ce genre de manifestation et de montrer qu'elles n'ont aucun poids devant la loi ».
Interpellée hier à sept heures du matin à son domicile par la gendarmerie de Cugnaux, la jeune turque Kéziban suit actuellement une formation en CAP Commerce Multispécialité au lycée Françoise de Tournefeuille. Elle devait passer son diplôme dans trois mois. « C'est une élève en bonne voie de validation de son diplôme, sérieuse et avec tous ses stages à jour », a indiqué son proviseur, Claudie Paillette. Kéziban faisait l'objet d'une mesure d'éloignement et d'une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) depuis le mois de mai 2010 mais c'est seulement hier qu'elle a été interpellée. Son avocat note que « seul un veto du préfet ou un vice de procédure dans l'interpellation pourrait contrecarrer la mesure d'expulsion ». Une dizaine de ses camarades sont venus hier pour témoigner de leur soutien dans une émotion palpable : « nous avons tous l'obligation morale de la soutenir. Pour elle, pour sa famille, et pour nous, ses amis. » Du côté de la préfecture, la secrétaire générale, Françoise Souliman exprimait son souhait « de respecter la loi pour cette jeune en situation irrégulière ». Son père vit actuellement en France avec son petit frère et bénéficie d'une carte de séjour depuis 2003.
Parrainage sans-Papiers
Martin Malvy président de la région Midi-Pyrénées recevait hier des lycéens sans papiers issus des établissements secondaires de la région lors d'une cérémonie de parrainage symbolique. Quinze élus régionaux ont pris part à la manifestation organisée avec Réseau Éducation Sans Frontières faisant suite au vœu adopté par les élus de la majorité régionale, le 21 décembre 2010, dénonçant les expulsions d'élèves sans papiers et demandant au gouvernement de leur permettre d'aller au terme de leurs études. Le cas de la jeune Kéziban, étudiante turque au lycée Françoise de Tournefeuille est une illustration de ce type de procédure d'expulsion.