Source : Le monde - Le Monde avec AFP - 12/11/2020
Les naufrages ont eu lieu en l’espace de quelques heures jeudi, au large des côtes de la Libye, selon Médecins sans frontières.
Un naufrage au large des côtes libyennes a causé la mort de 20 personnes, quelques heures après qu’un autre en a tué 74, a rapporté Médecins sans frontières (MSF), dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 novembre.
Les équipes de MSF présentes dans la ville de Sorman (nord-est) ont « assisté aujourd’hui trois femmes, seules survivantes d’un autre naufrage où 20 personnes se sont noyées », a déclaré l’ONG sur son compte Twitter. « Secourues par les pêcheurs locaux, elles étaient sous le choc et terrifiées, elles ont vu des êtres chers disparaître sous les vagues, mourir sous leurs yeux. »
Peu avant, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé un bilan d’au moins 74 morts dans un naufrage au large de Khoms, ville côtière libyenne située à quelque 180 kilomètres à l’est de Sorman. Quarante-sept survivants ont été ramenés à terre par les gardes-côtes libyens et des pêcheurs.
Les corps échoués à Khoms étaient alignés sur la plage, certains portant encore des gilets de sauvetage. Les survivants, visiblement épuisés et traumatisés, se blottissaient sous des couvertures pendant que les travailleurs humanitaires distribuaient eau et colis alimentaires.
Depuis le début de l’année, au moins 900 personnes se sont noyées en Méditerranée en essayant d’atteindre les côtes européennes, selon l’OIM. Plus de 11 000 autres ont été renvoyées en Libye, « au risque de les exposer à des violations des droits de l’homme, à la détention, aux abus, au trafic [humain] et à l’exploitation », dénonce l’agence onusienne dans son communiqué.
Une insécurité persistante

Sur fond d’ingérences étrangères, la Libye est actuellement déchirée entre deux autorités rivales : le gouvernement d’accord national (GAN), établi dans l’Ouest, à Tripoli, et reconnu par l’Organisation des Nations unies (ONU), et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar, homme fort de l’Est.
Après l’échec de l’offensive lancée par le maréchal Haftar en avril 2019 pour s’emparer de la capitale, Tripoli, les combats ont cessé depuis juin 2020. Un cessez-le-feu permanent a été conclu en octobre et des pourparlers interlibyens se déroulent depuis lundi en Tunisie, sous l’égide de l’ONU, pour tenter de sortir la Libye d’une grave crise qui perdure.
Malgré une insécurité persistante depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, ce pays d’Afrique du Nord reste un important point de transit pour les migrants – en grande partie africains – qui veulent gagner l’Europe.
Les ONG rappellent régulièrement leur opposition à ce que les migrants arrêtés en mer soient ramenés en Libye en raison du chaos qui y sévit et dénoncent les conditions déplorables dans les centres de détention.