
De nouveau libre mais toujours sans papiers, Keziban a pris son premier bain de foule et de soleil au carnaval de Cugnaux où elle habite./Photo DDM, Frédéric Charmeux

Keziban va pouvoir terminer son année scolaire au lycée Françoise de Tournefeuille. Dans un courrier adressé le 31 mars à Nicole Belloubet, première vice-présidente du conseil régional et marraine républicaine de la jeune femme sans papiers, Dominique Bur, préfet de région, indique : « J'ai décidé qu'aucune mesure coercitive ne serait prise à l'égard de Melle Yildiz avant fin juin 2011 ». Hier, Keziban s'est rendue libre et sereine au carnaval de Cugnaux où elle réside.
Comment vous sentez-vous depuis l'annonce par le préfet de votre possibilité de reprendre normalement les cours ?
Quand Christiane Tolsan, ma marraine, m'a appelé pour me dire que j'allais pouvoir revenir au lycée j'ai été soulagée. Je croyais qu'on ne me laisserait plus jamais tranquille. Je peux de nouveau sortir dehors et vivre libre au moins jusqu'en juin. Je suis inquiète pour la suite. C'est un petit cadeau parce que je ne sais pas ce que je vais devenir après.
Quel souvenir gardez-vous de votre passage au centre de rétention avant de devoir vivre cachée pour échapper à l'expulsion en Turquie ?
J'ai mal vécu le centre. C'était un cauchemar qui m'empêchait de dormir. Je n'avais jamais pensé que ça pouvait m'arriver. Qu'on pouvait venir me chercher un matin et me conduire dans une sorte de prison. Je n'avais pas l'impression de faire quelque chose de mal. Depuis le mois de févier, je ne me maquillais plus car j'étais en train de me maquiller lorsque la police est arrivée pour m'arrêter. Ensuite, j'ai tellement bougé que je ne me sentais plus chez moi, même si les personnes qui m'accueillaient chaque fois étaient très gentilles. Je n'ai pas vu mes parents depuis le 23 février quand on m'a arrêtée.
Avez-vous eu connaissance de la mobilisation qui s'est faite pour vous ?
Je ne savais pas tout car beaucoup de monde a agi en ma faveur. J'ai été heureuse hier en revenant au lycée de voir tout ce que mes camarades ont fait pour moi. Je les remercie de tout cœur ainsi que les professeurs. Je veux dire merci aussi au préfet pour m'avoir accordé de nouveau la liberté. Un très grand merci à mes marraines Christiane Tolsan et Nicole Belloubet, aux maires de Cugnaux et de Tournefeuille et à tous les collectifs de soutien. Il faut qu'ils restent mobilisés car je veux rester en France.
Qu'allez-vous faire maintenant ?
Je veux continuer mes études parce que j'ai déjà perdu beaucoup de temps. J'ai envie d'avoir mon CAP. Je vais faire un stage en entreprise à partir de lundi. Je souhaite faire un bac pro ensuite et trouver un travail comme tout le monde ici.
« Avec les lycéens, on va écrire au préfet pour le remercier et continuer à se réunir une fois par semaine pour demander à ce que Keziban reste libre après le mois de juin ».
Esra, sa meilleure amie.