Source : InfoMigrants - Charlotte Oberti Khosraw Mani - 3/12/2020
Un demandeur d'asile afghan a déposé plainte auprès de la "police des polices" pour des coups qu'il dit avoir reçus de la part de policiers, en marge du démantèlement du camp de migrants à Saint-Denis, le 17 novembre. L'homme de 22 ans doit désormais porter une attelle.
"Les policiers ont jeté du gaz lacrymogène (...). J'ai eu mal aux yeux et j'avais du mal à voir où j'allais. J'ai reçu un coup de pied au dos par un premier policier (...) et j'ai reçu deux coups de matraque sur le flanc gauche et sur le poignet gauche par un second policier." Ce récit fait partie de la plainte pour "violences volontaires" déposée lundi 30 novembre par un demandeur d'asile afghan auprès de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), plainte dont l'AFP a obtenu copie.
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Ce migrant, un jeune homme de 22 ans qui souhaite se faire appeler Aziz, assure que ces violences se sont déroulées en marge du démantèlement, le 17 novembre, d'un camp de migrants à Saint-Denis dans lequel il vivait depuis un mois.
"Je n’ai pas pu monter dans les bus comme beaucoup d’autres [entre 400 et 450 personnes, qui n'ont pas été mises à l'abri ce jour-là, seraient depuis toujours à la rue, sans solution de logement, selon les associations, ndlr]. Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Je voulais fuir quand un policier m’a donné un coup de pied. Je suis tombé", raconte-t-il à InfoMigrants. "Un autre policier est arrivé et les deux m’ont donné des coups de matraque sur les bras, le dos et les côtes. J’avais caché ma tête dans mes mains."
"Le collègue du policier n'est pas intervenu pour protéger Aziz"
Contactée par InfoMigrants, Alix Geoffroy, chargée de programme au Cèdre (Centre d'Entraide pour les Demandeurs d'asile et Réfugiés) pour le Secours catholique, raconte elle aussi la scène à laquelle elle a assisté. "Un policier s'est d'abord jeté sur moi ainsi que sur une salariée de l'association Utopia 56, matraque en l'air, mais un de ses collègues nous a protégées en lui disant : 'C'est des filles, ce sont des associations, t'es malade!', explique-t-elle. "Aziz se trouvait à côté de nous et c'est lui qui s'est alors fait frapper. Le collègue du policier n'est, cette fois-ci, pas intervenu pour protéger Aziz."
Au moment des faits rapportés, de nombreux migrants étaient "pris en étau entre la police et les jets de gaz lacrymogène", après avoir été nassés pendant 12 heures, affirme encore Alix Geoffroy.o
Dans une vidéo versée au dossier, tournée juste après les faits dénoncés et qu'InfoMigrants a pu consulter, Aziz est repoussé par des policiers et s'accroupit, au bord des larmes, en se tenant le poignet gauche, tandis qu'une personne lui dit : "Viens, sinon ils vont te frapper à nouveau".
"J’ai mal partout"
Aziz a ensuite été accompagné par des bénévoles à l'hôpital. "Les médecins ont fait une radio et m’ont prescrit des médicaments", explique le jeune homme, dont la main gauche est désormais dans une attelle.
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"J’ai mal partout. Il y a les traces des coups que j’ai reçus sur mon corps. Je n’arrive plus à marcher normalement, ni à dormir. Mon état de santé se détériore, poursuit celui qui a depuis trouvé une place d'hébergement dans un centre à Melun. "J’ai porté plainte car je veux que les violences policières contre les migrants cessent."