La Dépêche | 13/11/2012
tribunal administratif de Pau
Accompagnées par les membres de la Cimade et des organisations du Réseau éducation sans frontière des Hautes-Pyrénées (RESF 65), trois familles de demandeurs d'asile avec des enfants âgés de 4 à 16 ans ont décidé de saisir, lundi après-midi, le tribunal administratif de Pau, par la voie du référé, afin d'obtenir un abri pour l'hiver.
En effet, depuis quelques mois, les familles de réfugiés arrivant dans le département se retrouvent sans possibilité d'hébergement. Jusqu'à présent, la Cimade et le RESF 65, soutenus par les associations partenaires, multipliaient les actions pour alerter la préfecture et la DDSCPP. Ce qui avait conduit les services de l'État à héberger plusieurs familles dans un hôtel. Mais à présent, les actions restent vaines et «les demandeurs d'asile se voient refuser systématiquement un hébergement, alors que c'est un droit qui a été consacré par le Conseil constitutionnel et le Conseil d'État comme une liberté fondamentale. En saisissant le tribunal administratif en référé, nous espérons mettre la préfecture et la DDSCPP devant ses obligations et responsabilités», soulignent les bénévoles de la Cimade et de RESF 65.
Par solidarité, une famille avec deux enfants est hébergée chez Marina depuis un mois. Mais aujourd'hui, ce n'est «plus possible ; j'ai 5 enfants et nous vivons avec un seul salaire au smic», observe-t-elle. Même difficulté pour Patina qui héberge, «depuis le 8 octobre, une autre famille avec enfant. J'ai moi-même 4 enfants et mon mari se trouve au chômage», dit-elle. «On ne comprend pas ; on nous dit qu'il n'y a plus d'argent et on loge des familles à l'hôtel ! Pourquoi ne pas leur trouver un petit logement où ils puissent cuisiner ; ça coûterait bien moins cher», lancent les représentants associatifs, qui plaçaient leurs espoirs sur la décision du tribunal administratif.
C'est Me Oudin qui a plaidé pour les trois familles, devant un parterre d'une vingtaine de militants tarbais et palois. À l'issue de l'audience, le préfet a été «condamné pour carence manifeste, atteinte à une liberté fondamentale qui est le droit à l'hébergement d'urgence et le droit d'asile. Considérant qu'il n'avait pas mis en place les moyens nécessaires pour abriter et nourrir ces personnes en période hivernale, elle l'a adjoint à trouver une solution d'hébergement dans les vingt-quatre heures», a indiqué une bénévole de la Cimade.
Patricia Lagaillarde