Source : france bleu - Valentin Bertrand - 02/07/2021
Le Refugee Food festival se tient pour la première fois à Sète et Montpellier. Pendant une semaine, quatre chefs héraultais accueillent un réfugié passionné de cuisine le temps d'une journée.
Au Domaine de Biar, à Lavérune, c'est le coup de feu en cuisine. Dans deux heures, les premiers convives arrivent et il reste du pain sur la planche. Une courgette dans une main, un couteau dans l'autre et un œil sur le boulgour, Noor Kisko est très concentrée car c'est elle qui a élaboré ce repas de spécialités irakiennes.
Arrivée en France il y a deux ans, Noor Kisko possède le statut de réfugiée. Elle a des papiers et peut travailler légalement en France. Mais difficile de réaliser sa vocation, intégrer la brigade d'un restaurant, sans maîtriser parfaitement le français.
C'est ce constat qui a inspiré le Refugee Food Festival. Pour sa sixième édition, ce festival culinaire et solidaire investi l'Hérault. A Montpellier et Sète, quatre établissement ont ainsi accueilli un réfugié passionné de cuisine derrière leurs fourneaux. Le tout, étalé du mardi 29 juin au samedi 3 juillet.

Noor Kisko a elle été accueillie par la cheffe Camille Tricot qui dirige les cuisines du Domaine de Biar. Un hôtel-restaurant situé aux portes de Montpellier.
Pour le service du 30 juin au soir, la réfugiée irakienne de 34 ans a donc voulu faire partager les spécialités de son pays comme le kebbeh ou le dolma.
Partager ces plats est une "fierté" pour Noor Kisko et une découverte culinaire pour Camille Tricot :
"Je ne connaissais pas la cuisine irakienne donc c'est hyper enrichissant. J'ai découvert qu'ils utilisaient beaucoup de produits présents dans la cuisine du sud de la France, mais préparés différemment".
C'est également un échange gagnant-gagnant sur le plan humain. C'est d'ailleurs ce qui avait plu à Camille Tricot lorsqu'elle avait découvert le Refugee Food Festival à Paris. Quand une édition héraultaise s'est montée, elle s'est portée volontaire et le résultat est "au-delà de ce (qu'elle) imaginait" :
"Ça a été une super rencontre qui va continuer après le festival car Noor a l'étoffe d'une cuisinière professionnelle."
Favoriser l'intégration
Une fois les mets dégustés et le tablier rangé, tout l'enjeu de ce festival est de pousser la personne réfugiée à persévérer dans la cuisine, en cherchant un emploi ou en s'inscrivant à une formation. C'est précisément ce que va faire Noor Kisko. En Septembre prochain, elle débutera un cursus de cuisine spécialement conçu pour un public étranger : 3 mois de cours de français adaptés à la cuisine, puis 3 mois pour apprendre les gestes techniques.
Après avoir exercé quelques années dans des brigades de restaurants, Noor Kisko voit même plus grand :
"Ouvrir, avec mon mari, notre propre restaurant franco-irakien. C'est mon rêve."
Une perspective qui enchante Agathe Vallaeys, coordinatrice régionale du Refugee Food Festival. Car à l'instar de Noor Kisko, précise-t-elle, un participant sur deux reçoit généralement une offre d'emploi à l'issue du festival.
"L'idée c'est de dépasser les préjugés et de montrer que les personnes qui ont le statut de réfugié peuvent travailler comme n'importe quel autre citoyen. Pour eux, participer au Refugee Food Festival c'est un tremplin et une manière de se redonner confiance pour ensuite chercher un emploi."

A Sète et Montpellier, ce sont deux Héraultaises bénévoles, Blandine Imbault et Héloïse Berh, qui se sont chargée de mettre en relation réfugiés et restaurateurs. Avec un brin d'émerveillement en voyant la magie opérer derrière les fourneaux.