passeursdhospitalites | 8/06/2016
L’humour est parfois la réponse à l’absurde et à l’ubuesque. C’est ainsi que la CIMADE a organisé une remise de prix, les Charter Awards, qui « récompensent les préfectures qui se sont illustrées en 2015 par leurs pratiques illégales ou abusives ».
Dix prix ont ainsi été attribués, chacun correspondant à une catégorie de pratiques illégales et abusives, et à chaque prix a été associé un titre de film. Quinze préfectures ont été nominées, et neuf ont reçu un award.
Dix prix ont ainsi été attribués, chacun correspondant à une catégorie de pratiques illégales et abusives, et à chaque prix a été associé un titre de film. Quinze préfectures ont été nominées, et neuf ont reçu un award.
http://www.lacimade.org/presse/charter-awards-cest-arrive-pres-de-chez-vous/
La préfecture du Pas-de-Calais s’est tout particulièrement distinguée. Nominée dans quatre catégories, elle remporte à elle-seule deux awards.
http://www.lacimade.org/wp-content/uploads/2016/06/DP_Charter_Awards_07062016.pdf
À son palmarès :
Nominée :
« Prix Fast and Furious
Enfermement et expulsion en violation de la souveraineté des États
Les préfectures nominées sont les préfectures de la Guadeloupe, de la Guyane (deux fois !) et du Pas-de-Calais. C’est la préfecture de la Guadeloupe qui remporte son Charter Awards.
Pour tenter d’expulser davantage de personnes de manière expéditive, la France n’hésite pas à empiéter sur la souveraineté des États de destination. En effet, pour réaliser une expulsion, la personne visée doit être titulaire d’un passeport ou à défaut d’un laissez-passer délivré par ses autorités consulaires. Or l’administration française se substitue de plus en plus souvent à ces autorités consulaires en établissant des laissez-passer à leur place. Elle prive ainsi les personnes du droit d’échanger avec leur consulat avant que ce dernier ne décide éventuellement de les reconnaître comme ressortissant, et d’accepter ou pas une expulsion en délivrant un laissez-passer. »
Nominée :
« Prix La quête du Graal
Enfermement et expulsion d’exilés en quête d’asile
Les préfectures nominées sont les préfectures du Calvados, du Finistère, de la Guyane, de Meurthe et Moselle et du Pas-de-Calais. C’est la préfecture de la Guyane qui remporte son Charter Awards.
Le droit d’asile est inscrit dans la Constitution française, et il est en principe garanti par plusieurs conventions internationales : Déclaration universelle des Droits de l’homme, Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et Convention de Genève du 27 juillet 1951. Mais il est trop souvent balayé par la prépondérance de la machine à expulser.
Des personnes sont ainsi enfermées sur décision préfectorale dans des centres de rétention afin d’être expulsées, en violation de leur droit d’asile, avec le risque de subir des traitements inhumains et dégradants dans le pays où elles ont été persécutées. Ces personnes sont ainsi exposées à la violence de l’enfermement, et à des décisions administratives qui les placent dans une situation aux antipodes de leur besoin fondamental d’être protégées. »
Remporte le charter award :
« Prix Retour en enfer
Enfermement et expulsion d’exilés en provenance de pays en guerre
La seule préfecture nominée est la préfecture du Pas-de-Calais. C’est la préfecture du Pas-de-Calais qui remporte son Charter Awards.
À l’heure où le gouvernement met en avant la qualité de l’accueil des réfugiés en France et critique avec fermeté les barbelés hissés ici et là pour bloquer les migrants, il expulse des Soudanais du Darfour, il n’hésite pas à enfermer des Iraniens, des Irakiens et même des Syriens ou à expulser un demandeur d’asile gravement malade en Hongrie. »
Remporte le Charter Award :
« Prix Tarzan, roi de la jungle
Enfermement et expulsion : plus de 1200 exilés raflés à Calais et dispersé dans sept CRA
La seule préfecture nominée est la préfecture du Pas-de-Calais. C’est la préfecture du Pas-de-Calais qui remporte son Charter Awards.
La préfecture du Pas-de-Calais a interpelé dans la jungle de Calais et emmené de force par avions et par bus plus de 1 200 personnes, pour les disperser en les enfermant illégalement dans sept centres de rétention. Ces derniers sont réservés aux expulsions. Y enfermer des réfugiés venant de pays en guerre, donc inexpulsables, est illégal. Cette pratique traumatisante est absurde : toutes les personnes sont revenues à Calais. Cela ne règle pas l’impasse des politiques migratoires que représente le bidonville de Calais. Ces personnes doivent être protégées et pouvoir se rendre librement dans le pays de leur choix. »
Le président de la république a annoncé sa visite à Calais d’ici au 14 juillet.
Ça promet.