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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Vinguelé | 22/06/2016

En général, les gens se réjouissent de vos malheurs. Cela les rassure. Ils se disent que si on est dans cet état, c’est que, quelque part, on le mérite et cela les conforte dans l’idée illusoire qu’ils se sont mieux débrouillés que vous. Mais la plupart du temps, ils ne se réjouissent pas, cela les indiffère.

Hier, la fête de la musique, devant le CRA, le Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu, mettait en évidence cet état d’esprit. Le bâtiment, en bordure des pistes d’atterissage des avions, n’est signalé par aucun panneau et même quand on se trouve devant, on ne sait pas de quoi il s’agit. On voit des fils de fer barbelés tout autour, mais on pense que c’est un des nombreux entrepôts d’Airbus. Vu de l’extérieur c’est un édifice anonyme dans un paysage vide et désolé. Tout est fait pour nier son existence, à l’image de ses occupants.

Hier donc, quelques personnes joyeuses et chevelues étaient réunies là, en bord de route, dans le fossé (car il n’y a aucun trottoir pour les piétons ni aucun esplanade devant). Elles dansaient au son d’un accordéon et d’une flûte aiguë, interrompant le défilé incessant des voitures passant devant l’édifice. Chaque soir, en effet, les travailleurs d’Airbus rentrent chez eux par cette route, l’air absent et blasé dans leurs grosses cylindrées, protégés par un confort de vie qu’ils croient mériter. Les joyeux drilles de cette fête organisée par le Cercle des voisins de Cornebarrieu brandissaient devant leurs pare-brises des pancartes avec les prénoms des personnes sans papiers emprisonnées dans le centre. Les travailleurs d’Airbus ne sortaient que très peu de leur torpeur, soutenus par des cars de police qui veillaient à ce que l’ordre soit respecté.

Le Cercle des voisins tentait seulement, avec de faibles moyens, d’attirer l’attention sur tous ces gens enfermés pour ne pas avoir de papiers et souvent renvoyés dans un pays en guerre ou dans une situation tellement chaotique qu’il n’est plus possible d’y vivre. La plupart des habitants de Cornebarrieu, Pibrac, Brax et Léguevin ignorent, dans leurs villas cossues, qu’ils ont ce voisinage ou, en tout cas, préfèrent continuer à l’ignorer.

CRA, ce sont seulement trois lettres à retenir, trois lettres dissonantes comme un croassement de corneille, trois lettres qu’on préfère effacer aussitôt entendues car elles nous renvoient à notre indifférence envers ceux qui sont dans la détresse, ceux qui ont tout perdu.

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