Source : Ouest-France - Angélique CLÉRET - 07/10/2017
300 personnes se sont retrouvées à Rennes, ce samedi après-midi, pour réclamer l’abolition des centres de rétention administrative (CRA). Un barrage policier a empêché la tenue d’un « parloir sauvage » avec les retenus.
Il est situé loin des regards. À l’écart de la ville, derrière l’aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes. Le centre de rétention administrative (CRA) est un long bâtiment gris, blanc et rouille, entouré de barbelés. Il a 10 ans et une capacité de 60 places, y compris pour des familles avec des enfants. Il en existe 25, en France.
Ce samedi après-midi, des personnes de toute la Bretagne ont manifesté leur opposition à « l’enfermement des migrants », dans l’attente de leur renvoi forcé.
Angers, Bégard, Brest, Caen… Environ 300 personnes ont répondu à l’appel de la coordination Bretagne - Pays de Loire - Normandie solidaire des personnes immigrées. C’est moins qu’espéré. « La mobilisation de la population faiblit. Il y a dix ans, les élus étaient vent debout contre la construction du centre de rétention. Aujourd’hui, ils sont aux abonnés absents », déplore un membre de Welcome, réseau qui propose un accueil aux demandeurs d’asile. Seule Sylviane Rault, élue écologiste de Rennes, a marché auprès d’eux.
Allongement de la durée de rétention ?
Les manifestants auraient aimé organiser un « parloir sauvage » avec les retenus. Mais un barrage policier leur a empêché tout accès. Aux sons leur arrivant des haut-parleurs, quelques-uns ont répondu par des cris, de l’autre côté des barbelés. « Ça me fait mal au ventre, soupire une jeune femme. C’est incroyable d’en être là… »

Une communication a été tentée, via les téléphones portables. Ahmed a décroché, depuis une cabine téléphonique du CRA. Il dit s’être fait arrêter après avoir vécu pendant deux et demi à Rennes. Le Tunisien s’est ensuite fait l’interprète d’un Égyptien retenu depuis quelques jours, avec sa compagne enceinte.
En 2016, plus de 50 000 personnes ont été privées de liberté dans les centres et locaux de rétention administrative. La Cimade, qui agit auprès des personnes enfermées, s’inquiète avec d’autres des conditions d’enfermement et, depuis quelques jours, de l’allongement de la durée de rétention des étrangers envisagée par le gouvernement, dans son projet de loi sur l’immigration.
