Source : Le Monde - Anne-Aël Durand - 19/6/2018
EN UN GRAPHIQUE – La rétention administrative de mineurs est en augmentation, en dépit des condamnations de la Cour européenne des droits de l’homme.
Aux Etats-Unis, le sort d’enfants d’immigrés clandestins enfermés dans des centres de rétention, tandis que leurs parents sont incarcérés dans des prisons de haute sécurité, émeut l’opinion publique depuis plusieurs semaines. Ils sont environ deux mille à subir ces « violations graves » des droits de l’enfant, dénoncées par l’Organisation des nations unies.
La France, patrie des droits de l’homme, n’est pas exempte de critiques en la matière : en 2012, puis en 2016, elle a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme dans plusieurs affaires d’enfermement d’enfants mineurs dans des centres de rétention administrative. Toutefois, à la différence des Etats-Unis, la France ne sépare pas les enfants de leurs parents ou représentant légal.
En 2012, le président François Hollande avait promis de mettre fin à l’enfermement des familles dans les vingt-quatre centres de rétention du territoire français, pour lui préférer l’assignation à résidence. Le nombre de mineurs enfermés avait alors chuté considérablement, descendant à 41 cas en métropole en 2013, avant de repartir à la hausse les années suivantes.
La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan, a compté 304 enfants en rétention pour l’année 2017, et 77 autres pour les quatre premiers mois de 2018. Dans un avis publié le 14 juin au Journal officiel, elle dénonce une « atteinte à l’intégrité psychique » des mineurs enfermés et, dans certaines préfectures, une politique délibérée pour faciliter la reconduite des familles à la frontière.
Alors que l’Europe se déchire sur le sort des migrants recueillis par le navire humanitaire Aquarius, le projet de loi asile et immigration est discuté jusqu’à jeudi 21 juin au Sénat. Et la question de la rétention des mineurs fait partie des points de controverse.