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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Lundi 31 décembre 2018

C'est son anniversaire aujourd'hui, elle a 19 ans. Ce jour là peut être un jour comme les autres à 60 ans mais quand on a 19 ans, c'est aberrant de le passer seule et enfermée. Avertie de ce jour si spécial, par la lecture des compte-rendus de visites effectuées par Michel et Frédérique, je ne pouvais pas laisser Hadja1 seule ce jour là, dans ce sinistre endroit. Bien sûr, elle n'est pas vraiment seule dans sa galère puisqu'elles sont trois dans le “secteur femme” du centre de rétention de Cornebarrieu ce 31 décembre.

Trois femmes qui ne parlent pas la même langue, qui se retrouvent là contraintes et forcées à cause de la loi toujours plus dure qui empêche de circuler librement.

Elle est belle Hadja avec son fichu bleu et vert qu'elle dispose sur ses épaules et ses bras ou qu'elle noue habilement et élégamment sur sa tête. Elle parle peu, répond à mes questions mais parfois de longs moments de silence s'installent. Elle tremble parfois mais ce n'est pas de froid. Elle n'est qu'à la première étape de sa rétention (son prochain passage au jld sera le 12 janvier). Mais elle a déjà fait le voyage en avion à Paris jusqu'au consulat de Guinée, où elle a été reçue par une femme.

Elle ne sait rien de cette entrevue, la Cimade non plus.

L'attente, l'attente...

Le silence...

Des larmes qui coulent. Cette table qui nous sépare comme dans une salle d'interrogatoire.

Je passe de l'autre côté, du côté d'Hadja. Je la serre contre moi et les larmes se transforment en sanglots. Quelle connerie l'enfermement !

Et pourtant, je sais son courage à Hadja, elle qui a pris la décision de s'enfuir pour ne pas être enfermée avec d'autres épouses d'un vieux type argenté avide de chair fraîche, qui a entrepris ce long et périlleux parcours jusqu'en Europe et qui s'est fait piégé, comme tant d'autres dans un bus entre Espagne et France.

Elle arrive à retrouver son sourire et un peu de sérénité, se met debout bien droite et dit “je vous remercie”. Nous partons alors chacune de notre côté, elle tenant son paquet de “pailles d'or” entre ses mains, comme un fragile cadeau, comme un mirage .

Michèle

1) Son nom a été modifié

 

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