Signez la pétition de soutien à Joseph Mackouera
Ce matin, au CRA, je suis allée rendre visite au jeune Gabonais Joseph Mackouera.
Je lui ai apporté quelques vêtements de rechange, des biscuits et des petits jus de pomme et une BD d'Astérix (en anglais).
C'est juste un peu de nécessaire et de réconfort pour faire en sorte que ce temps passé au CRA soit un peu plus supportable. Dans sa poche, bien plié, les coupures des journaux où l'on voit ses professeurs, et le rassemblement de soutien.
Cela fait 13 jours qu'il dort au CRA. La pétition en son soutien est régulièrement mise à jour par son professeur Olivier Maugard. Le nombre de signataires approche les 30 000 maintenant.
Alors, continuez de la diffuser, s'il vous plait. Il y a bien dans vos contacts, des gens qui ne la connaissent pas encore.
Joseph est content de recevoir de la visite, de parler pour exprimer ses angoisses, sa peur de voir ses études interrompues.
Ce matin, il m'a parlé de sa maman qu'il n'a pas pu appeler depuis son arrestation et qu'il ne veut pas appeler, car elle est malade et ne veut pas qu'elle s'angoisse à cause de lui.
Il m'a surtout parlé de son papa, qui est décédé, il y a 3 ans. Son père avait fait des études en France (jusqu'en doctorat) et était retourné pour enseigner à l'université au Gabon.
Son père lui répétait toujours "C'est important de faire des études et d'avoir un métier" et ce message il s'en ai fait son leitmotiv. Il le répète aux autres élèves de sa classe et leur dit la chance qu'ils ont de pouvoir être suivis par des professeurs attentifs en France, avec des classes de 25 élèves. En comparaison au Gabon, ils sont 100 pour un professeur et les sévices physiques sont toujours autorisés. Si tu réponds au prof, si tu n'es pas correct, tu es viré.
Il faut avoir ensuite des appuis ou de l'argent pour continuer des études. Il est conscient de tout cela.
Il m'a parlé du foyer aussi où il était hébergé. Il n’était pas trop content d'avoir quitté la maison du monsieur qui l'hébergeait pour entrer dans ce foyer. Mais il a fini par s'y faire jusqu'à ce que...tombe cet Ordre du préfet du Lot et Garonne qui l'a amené à l'endroit où il se trouve aujourd'hui, au Centre de rétention.
Je lui ai demandé s'il avait vu les personnes qui ont visité le centre hier. Oui il les a vu passer. Ils ont simplement dit bonjour en passant.
Ces personnes, c'étaient 2 députés en visite au CRA, que nous avions rencontré avant et à qui nous avions parlé de Joseph. Nous les avons attendus à leur sortie du centre. Ils avaient bien parcouru tous les couloirs, tous les services, mais aucun d'entre eux n'avait parlé aux retenus "Ils ne parlaient pas français" soi-disant.
Pourtant, ils connaissaient le nom de Joseph, sa situation et avaient même son bulletin de notes.
Il n'est pas dans nos habitudes de quémander un appui ou une attention particulière à un élu comme s'il était le seigneur local. Nous avons juste remis un dossier pour signaler à ces gens-là, qui se disent à l'écoute de leurs concitoyens comme notre sentiment d'injustice est fort et comment les futures lois sur l'immigration nous paraissent ignobles.
Leur réponse est qu'ils héritent de la politique migratoire de leurs prédécesseurs et que leur volonté est d'aller plus vite dans un sens comme dans l'autre (régulariser et expulser en 90 jours). Nos échanges ont montré qu'ils ne connaissaient pas la réalité du terrain (les pratiques administratives différentes selon les préfectures allant jusqu'au non-respect des décisions judiciaires). Ils ne connaissent pas les abus des policiers qui interpellent les personnes en transit. Par contre, le discours de leur mentor est bien passé pour faire le distinguo entre réfugiés et migrants économiques.
Joseph n'est pas un réfugié. Est-il un migrant économique?
Joseph est le représentant du jeune Africain qui sait que la France peut lui donner une chance d'avoir un avenir, ici ou dans son pays plus tard. Il sait l'histoire de son pays, ancienne colonie française, qui a obtenu l'indépendance en 1960.
Est-ce trop demander de le laisser poursuivre des études qui lui plaisent et auxquelles il consacre toute son énergie avec une conscience et un respect qui force l'admiration?
Je lui ai laissé une feuille et un crayon, pour qu'il puisse écrire un texte s'il le désire.
Joseph est une très belle rencontre.
Michèle Crémoux, Cercle des Voisins.
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